2 juin 2009

S'il y a une chose qui me fait bien rire des montréalais, c'est quand je les entend parler du "nord". Ils disent des choses comme: "J'ai un chalet dans le nord", ou: "J'ai passé la fin de semaine dans le nord", ou encore: "Quand je serai à la retraite, j'irai m'installer dans le nord". La plupart d'entre eux ne réalisent même pas que cette région qu'ils appellent le "nord" (c'est à dire la région des Laurentides) est située, géographiquement parlant, en très grande partie plus au sud que la ville de Trois-Rivières...

En bon citadin qui se respecte, la définition du mot "nord" pour un montréalais a bien peu à voir avec la réalité géographique et les points cardinaux, et plus à voir avec une réalité artificielle, construite de toute pièce par l'homme, et illustrée par les mots qu'il peut lire sur les panneaux routiers de l'autoroute 15.


Dimanche dernier, une rare belle journée de pure bien-être. Un après-midi complet sur mon petit nuage, en compagnie de la collègue avec qui je m'entend si bien. Elle est venue me rejoindre ici après le dîner et nous sommes partis vers le parc le plus proche où nous avons marché ensemble en forêt. Marché, et jasé. Jasé pendant des heures et des heures. Des heures où nous nous sommes simultanément émerveillés sur les mêmes paysages, les mêmes cours d'eau de montagne, la même flore, la même faune. Des heures où nous n'avons pu que constater, encore une fois, à quel point nous nous ressemblons, à quel point nous nous rejoignons sur tant de sujets, à quel point nous nous entendons bien.

Même de retour ici, nous avons continué à jaser, debout à côté de sa voiture, jusqu'à ce qu'elle parte finalement, non sans que nous ayons échangé une longue et tendre accolade. Une demi-heure de plus, qui nous a pourtant semblé passer comme un coup de vent.

Plus tard en soirée, un petit courriel d'elle où elle me remerciait du bon temps qu'elle avait passé en ma compagnie, et me promettait de me recontacter bientôt pour donner suite à quelques projets dont nous avions discuté durant la journée. Cette année, elle a décidé de faire comme je faisais durant les années où je travaillais encore au bureau, et de prendre une bonne partie de l'été en congé. Tout le mois de juin, et peut-être aussi le mois de juillet.

Depuis quelques semaines j'avais recommencé à me mettre en forme. Elle, de son côté, et de son propre aveux, s'était plutôt laissé aller. De sorte que nos conditions physiques semblent s'être rejointes. En montée, dans les sentiers, non seulement j'arrivais sans peine à la suivre, mais c'est elle qui, à quelques reprises, a demandé de faire une pause. Et croyez-moi, ce n'était pas mon orgueil mal placé de mâle en crise de la quarantaine voulant impressionner une poulette quinze ans plus jeune que lui qui me portait de la sorte. Ma condition physique s'est réellement améliorée. Et de toute façon, elle ne perd rien pour attendre, la jeune poulette. Si nous faisons encore beaucoup de randonné cet été, je suis sûr que cette petite boule d'énergie jeune et sportive aura tôt fait non seulement de me rattraper mais de me laisser dans son sillage.

Mais je ne veux pas me faire trop d'illusion. L'an passé aussi, après notre première randonnée de l'été, nous avions fait plein de projets pour le reste de la saison. Mais finalement, nous ne nous sommes revus qu'une seule fois avant la fin de l'année. Comme vous le savez sans doute depuis le temps, ma vie a comme une légère tendance à me rappeler à l'ordre quand j'ose me permettre de croire que je pourrais peut-être enfin me dépêtrer de cette mélasse qui la caractérise depuis presque toujours. Et même si, sur l'excitation du moment, on a souvent tendance à faire mille projets, je ne peux me permettre de perdre de vue le fait que la collègue avec qui je m'entend si bien a un conjoint. Un conjoint qui n'est pas moi, un conjoint qui, à la longue, finirait sans doute par ne pas voir d'un très bon oeil le fait que sa blonde passe tant de temps avec un autre homme.


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