5 juin 2009

Il y a un avantage au mois de mai froid, venteux, mais sec que nous avons eu cette année: Nous sommes en ce moment dans la première semaine du mois de juin, et pratiquement aucun insecte piqueur ne s'est encore montré le nez. C'est du jamais vu, ici en tout cas. Ce soir j'ai passé quelques heures dehors après le souper, à faire un feu, et les maringouins brillaient par leur absence. Je n'ai qu'une seule et unique piqûre, dont je n'ai même pas eu connaissance.

Et j'ai passé tout l'après-midi en forêt, à faire une longue randonnée de quinze kilomètres, sans voir le moindre insecte piqueur. Vraiment très très agréable. Parlant de randonnée: J'ai marché au moins deux fois plus à date que durant toute la saison estivale l'an dernier. Et ça parait. Ma première randonnée de l'année était à peu près de la même longueur que celle d'aujourd'hui, et elle m'a laissé avec les hanches et les genoux un peu meurtris pour quelques jours, sans compter les ampoules. Cet après-midi, ma randonnée s'est déroulée sans le moindre inconfort, et en ce moment mes jambes sont en parfait état, comme si je n'avais fait qu'une petite marche de santé aujourd'hui.

J'ai passé tout l'après-midi au sein d'une nature vierge, entouré de décors magnifiques, et bien sûr c'était très agréable, mais ce n'était pas tout à fait la même chose sans la collègue avec qui je m'entend si bien. Mais n'allez pas croire que je me plains, ce n'est pas la cas. Je souligne simplement que, comme je l'ai déjà dit souvent ici, il semblerait que je ne peux vraiment tirer le maximum d'une expérience que quand elle est partagée.

Malgré le froid qui se prolonge, la nature ici fait quand même son petit bonhomme de chemin. Lors d'une sortie en kayak cette semaine, j'ai pu voir que les feuilles de nénuphars commencent ça et là à apparaître à la surface du lac. Et leurs inflorescences émergent à peine qu'elles sont déjà décapitées par les rats musqués. Deux petites grèbes, qui se reposaient sur une souche flottante, se sont prudemment envolées à mon approche. Du côté du marais, un balbuzard, perché tout en haut d'un arbre mort, m'a suivi du regard tout le long de mon passage. Il y a toujours un ou deux balbuzards qui fréquentent le lac tôt en saison, mais habituellement ils sont partis à cette période de l'année. Il n'y a tout simplement pas ici le genre de vieux arbres à cime morte ou mourante appropriés pour leur permettre de nicher. Peut-être celui-ci a-t-il trouvé moyen de nicher dans le coin quand même. Après tout, ce n'est pas le poisson qui manque dans le lac.

Il y a du changement du côté des huttes jumelles. Depuis plusieurs années, la plus petite des deux est abandonnée, alors que les castors réaménagent et entretiennent la plus grosse saison après saison. Cette année, j'ai été très surpris de constater que les gros rats à queue plate ont complètement ignoré la grosse hutte et, au contraire, ont commencé à faire des travaux majeurs sur la plus petite. Peut-être la première était elle devenue inhabitable après toutes ces années. Après tout, c'est elle qui semblait souffrir le plus du poids de la neige, alors que la petite semblait mieux résister.

J'ai parcouru toute la berge du lac opposée au marais avec la ferme intention de repérer tous les nids de carouges à épaulettes qui pourraient s'y trouver. À en juger par le nombre de mâle que j'ai plongé dans un état de panique totale, j'étais raisonnablement certain d'avoir traversé au moins cinq, sinon six territoires distincts. Hors, à mon grand désarrois et malgré tous mes efforts, je n'ai réussi à repérer que trois nids. L'un était vide. Le deuxième était plus difficile d'accès, enfoncé plus profondément dans les broussailles, mais j'ai réussi à y voir deux petits oeufs turquoises tachetés de bruns.

Mais le nid le plus intéressant contenait quatre petits oeufs, et croyez-le ou non, il est directement sur mon terrain ! Mieux encore, il est dans les broussailles juste à côté de ma rampe de mise à l'eau ! Je n'ai qu'à m'avancer dans l'eau jusqu'à en avoir à la hauteur des chevilles, et à me pencher un peu pour voir directement dans le nid. Il ne pourrait pas être plus accessible que ça. Bien sûr, la femelle et son partenaire se lancent dans une véritable crise d'hystérie chaque fois que je fais ça, alors il va me falloir limiter mes visites. La dernière chose que je veux, c'est de les déranger au point qu'ils abandonnent le nid. Je regrette cependant de ne pas avoir pris de photo. Je vais essayer de le faire demain, en espérant que les poussins ne sont pas déjà éclos, car j'aimerais bien avoir une photo des oeufs, question d'avoir un document complet.


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