6 avril 2010

Les sept derniers jours ont été la semaine des premières.

Jeudi dernier, le premier avril, j'ai entendu mon premier carouge à épaulettes. Exactement le lendemain, tous les autres oiseaux migrateurs ont fait leur apparition: Merles, quiscales, étourneaux, bruants, gros-becs, et j'en passe.

J'ai également vu mes premiers canards: Un couple de canards noirs, ce qui m'a ravi car ici on ne voit presque que des colverts, et on dit que ces derniers sont lentement en train de déplacer les canards noirs de leur habitat naturel.

Vendredi dernier: Première randonnée sans raquette, dans les montagnes derrière chez moi. Même si j'ai marché à 90% dans la neige, l'eau ou la vase, et seulement à 1% sur la terre ferme, je m'en foutais complètement, car c'était aussi la première fois de l'année où je marchais en t-shirt et en culottes courtes.

Le lendemain: Première randonnée de l'année avec Copine. La pauvre n'est vraiment plus en forme, et le constatait avec dépit et découragement. Elle qui jadis m'a accompagné pendant des jours dans les monts Groulx sur des dizaines de kilomètres et des centaines de mètres de dénivelé avec un sac de trente kilos sur les épaules, cette fois elle était complètement vidée de son énergie, avec les genoux et les hanches endoloris, après seulement cinq kilomètres, avec comme seule bagage un petit sac d'un jour.

Mais c'est tout à fait normal. J'étais dans un état pire que le sien il y a un an à peine. Et j'ai retrouvé en quelques semaines une forme telle que je me relancerais dans les monts Groulx n'importe quand. Si Copine se remettait à l'entrainement comme je l'ai fait, elle retrouverait sa forme d'antan aussi vite que moi, peut-être même plus vite.

Je me suis littéralement gorgé de ces deux jours de soleil et de chaleur, sachant très bien qu'il s'agissait là d'accidents de la nature et que les températures et le climat des prochaines semaines risquaient fort de ressembler à un printemps un peu plus normal.

Copine et moi avons beaucoup jasé lors de notre randonnée ensemble. Nous avons des intérêts communs ces temps-ci, moi avec mon projet de me construire sur une terre à bois, et elle avec celui de s'acheter une maison.

Dimanche: Première fois de l'année que je revoyais mon père. Je suis allé lui rendre visite pour Pâques, ainsi que ma soeur et mon beau frère chez qui il habite maintenant. Sa condition physique s'est grandement améliorée depuis les fêtes. Il n'a maintenant plus besoin d'aucun support, ni cane, ni marchette, pour se déplacer. Cependant, il continue à utiliser sa cane, par prudence, lorsqu'il marche à l'extérieur de la maison. Son oreille, par contre, est définitivement perdue. Avant les fêtes, il lui restait encore 4% d'audition. Lors de son dernier test chez l'audiologiste, son audition était tombée à zéro. Dommage. Mais, bon, il lui reste une autre oreille, et comme il le dit lui-même, il ne s'attendait pas à un miracle à 82 ans. Cependant, même son physiothérapeute a été grandement surpris de voir la vitesse à laquelle il a récupéré son sens de l'équilibre.

Et pour conclure, aujourd'hui fut un autre jour de première: J'ai entendu mes premières grenouilles. Il s'agissait, comme à chaque année, de grenouilles des bois qui chantaient cet après-midi dans le bassin d'eau chez mes voisins. Seulement cette année, la maison est habitée, alors je n'ai pas osé empiéter sur leur terrain pour aller voir les petits batraciens de plus près.

Les rainettes crucifères aussi devraient bientôt commencer à se faire entendre. Je n'ai pas mis le nez dehors depuis l'heure du souper; quelques unes d'entre elles chantent peut-être en ce moment même sans que j'en aie connaissance. Mais ça m'étonnerait.

Au rythme où vont les choses, je ne serais pas surpris de voir le lac caler sans les jours qui viennent. Ça fera du bien d'enfin mettre mon kayak à l'eau pour aller épier l'éveil printanier de la faune de l'autre côté du lac, dans le marais.

Cette année encore, la nature s'éveille. Et moi, je m'éveille avec elle.


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