23 mars 2010

Plutôt déprimant de voir le paysage complètement blanc alors qu'on était déjà habitué à l'absence de la neige. Mais ça arrive pratiquement à chaque printemps. Il y a toujours cette dernière tempête, ce dernier spasme post mortem de l'hiver. Et puis comme je l'ai déjà dit par le passé, tant que ça arrive au mois de mars, je suis prêt à l'accepter. C'est la neige en avril que je trouve franchement plus démoralisant.

Je sens que je suis en train de faire une overdose de toutes sortes de choses. Overdose de mauvaises nouvelles déprimantes à la télé, d'imbéciles et de tarés sur les forums de discussion, de solitude, de lecture de sites web. Je commence à ressentir les premiers symptômes de la "cabin fever". Pourtant, je ne manque pas une occasion de mettre le nez dehors et d'aller marcher en forêt. Hier encore, je me suis tapé une bonne douzaine de kilomètres en montagne, la moitié en botte et l'autre moitié en raquette, sous un soleil radieux. Mais ça ne me satisfait plus. Cette saison en transition m'exaspère. Je veux que la neige disparaisse complètement; je ne veux plus avoir à trainer mes raquettes "au cas où"; je veux voir la petite flore printanière émerger et fleurir dans les sous bois, et entendre le chant des oiseaux migrateurs. Je veux retourner à ce petit refuge abandonné que j'ai redécouvert l'été dernier, sur le bord de ce petit lac à l'eau limpide au milieu de la forêt boréale, et me bercer dans l'illusion, ne serait-ce que pour quelques heures, que tout ça est à moi et que j'y suis libre.

Mais plus que tout, j'aimerais retrouver le plaisir d'entrer en relation avec les gens, le plaisir de vraiment jouir de mes amies, si peu nombreuses soient-elles. C'est pas normal, quand on vient de passer une soirée avec une amie ou quelques heures au téléphone avec une autre, de se sentir presque plus mal après qu'on se sentait avant. Chaque conversation téléphonique avec Lola ne fait que me faire ressentir encore plus cruellement son absence. La distance a vraiment un impact sur notre relation. Elle et moi avons toujours eu des goûts et des intérêts très différents, mais quand nous vivions dans la même ville et nous voyions régulièrement, nous avions d'une certaine manière une "vie commune", des expériences, des joies, des peines, que nous partagions. Maintenant, tristement, ce n'est plus le cas. Nos vies sont complètement disjointes, et même si elle fait un gros efforts pour m'offrir de l'écoute, la réalité est que mes projets et mes rêves touchent à des domaines qui ne l'intéressent tout simplement pas. Pouvez-vous imaginer comment on peut se sentir quand on sait que la seule chose qu'on a à offrir à sa meilleure amie est une chose qui ne lui procure aucun plaisir ? Je ne la blâme pas, loin de là. Elle fait un gros effort pour être une bonne amie pour moi. Mais je ne veux pas que mes amies se fasse chier à m'aimer.

Et puis ça n'est pas tellement mieux avec Copine. Je suis allé passé la soirée chez elle dimanche dernier et, franchement, sur le chemin du retour, je regrettais presque de ne pas être resté chez moi. Pourtant ce n'est pas parce que nous manquons de choses en commun ces temps-ci. C'est plutôt que j'ai toujours l'impression de marcher sur des oeufs avec elle ces temps-ci. Je dois faire attention à tout ce que je dis, à la façon dont je le dis, à chaque sujet que j'aborde. La moindre mot, la moindre intonation mal choisis peuvent soit déclencher sa colère, soit la lancer dans une crise d'insécurité telle qu'elle veut remettre en question toute sa vie et tous ses projets. Franchement, ça devient émotionnellement épuisant. Et la résilience émotionnelle, ce n'est pas ce que j'ai en abondance ces temps-ci.

Quant à la collègue avec qui je m'entend si bien, elle fait toujours un petit effort pour me donner régulièrement signe de vie malgré le fait qu'elle soit très prise par l'achat de sa maison ces temps-ci. Mais je comprend très bien sa situation et je ne pourrai pas compter sur sa disponibilité avant le milieu de l'été au plus tôt.

Je ne ris même plus. Je n'ai même plus eu une seule occasion de rigoler avec une amie depuis la dernière fois où la collègue avec qui je m'entend si bien et moi nous sommes vu l'an dernier. Quant à rire aux éclats, je ne me rappelle même plus la dernière fois que ça m'est arrivé. Ça remonte à plusieurs années, peut-être même près d'une décennie.


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