26 juillet 2010

Au risque de me répéter, je ne suis plus chez moi, chez moi.

Je ne peux plus lire un livre, assis sur le bord du lac, le soir après le souper. Je ne peux plus écouter le chant des grenouilles, des oiseaux. Mon nouveau voisin est grandement responsable de cela, mais il n'est pas le seul. N'empêche que, toute la semaine dernière, chaque soirée, jusqu'à 23h, était systématiquement polluée par des bruits continuels de marteau, d'outils électriques, de souffleuse à feuille. Et quand il n'utilise aucun outil qui fait un bruit infernal, et bien il ouvre grand ses fenêtres et met sa musique assez forte pour l'entendre dans sa cour, et malheureusement aussi dans la mienne. Et la fin de semaine précédente, ça a été le son d'une mini-excavatrice, de 6h30 le matin jusqu'à 23h le soir, deux journées consécutives.

Vendredi soir dernier, il a travaillé sur sa galerie jusqu'à minuit trente. C'est samedi en fin d'après-midi que j'ai compris d'où venait cette compulsion des travaux extérieurs: Un party. Il voulait que tout soit parfait pour sa visite. Je peux le comprendre, et je dois admettre que ses invités se sont fait très discrets et civilisés. En fait la vingtaine de personnes qui était présente faisait moins de bruit que lui seul lorsqu'il fait ses rénovations.

Dimanche soir, probablement épuisés par la semaine qu'ils venaient de passer, lui et sa conjointe sont disparus tôt après le souper, et pour la première fois depuis des lunes, j'ai pu sortir de chez moi, aller dans ma cour, m'assoir sur le bord du lac, et enfin simplement jouir de mon chez moi. En plus, le reste du voisinage a coopéré. Aucun bruit de tondeuse, de scie à chaine, de VTT, de musique. Seulement le chant des grillons, le clapotis des poissons dans l'eau, le bruissement de quelconques petits rongeurs dans les herbes, et, occasionnellement, le battement à peine audible des ailes de chauve-souris lorsqu'elles me frôlaient de près, pour satisfaire leur curiosité avant de s'en retourner à leurs acrobaties aériennes dans le ciel ou près de la surface de l'eau pour attraper les petits insectes dont elles se nourrissent.

Ce n'est pas un mauvais gars. Je comprend sa situation: Comme presque tout le monde, il travaille de jour et n'a que les soirs et fin de semaine pour faire ses travaux. Abandonnés depuis quatre ans, le terrain et les infrastructures extérieures de la maison dans laquelle ils ont emménagé étaient dans un état lamentable, et les travaux qu'ils y font se doivent d'être fait.

N'empêche.

L'échéance de son party de la fin de semaine dernière devait sûrement lui mettre de la pression, et je peux sans doute m'attendre à voir une diminution notable de ses activités à partir de maintenant. Mais est-ce que ça changera vraiment quelque chose ? Ce n'est pas mieux de ne pas savoir d'avance quel soir j'aurai la paix et quel soir je me ferai écoeurer jusqu'au début de la nuit. Je ne compte plus le nombre de fois cet été où j'ai pensé inviter Copine chez moi pour prendre un verre devant un bon feu de bois, avant de finalement changer d'idée de peur de commencer à entendre la crisse de scie électrique au moment où elle arriverait ici.

De plus, je ne sais pas exactement quel genre de travail il a mais ses horaires ne sont pas toujours réguliers, de sorte qu'il peut retontir ici à n'importe quelle moment de la journée. Suite à ma longue randonnée hors sentier de la semaine dernière, j'avais mal à un oeil et les chevilles plutôt en compote (de toutes les parties de la jambe, ce sont les chevilles qui subissent le plus de stress lors d'une marche hors sentier, car elles doivent continuellement travailler pour garder droit un pied qui se pose sur un sol toujours irrégulier). J'aurais peut-être aimé rester tranquille chez moi le lendemain, étendu au soleil, à me détendre, lire un bon livre et reposer mes petits pieds endoloris. Mais non. Je n'étais pas étendu au soleil depuis dix minutes que le voisin s'est pointé, et pas longtemps après le bruit a commencé.

Et s'il vous plait, faites-moi grâce des conseils sur la communication, la résolution de conflit et les compromis. Je sais comment vivre en parfaite harmonie avec mon voisinage, je l'ai fait pendant dix-huit ans. J'aurais beau aller lui parler et lui faire part de mes doléances de la façon la plus diplomatique possible, ça causera toujours un froid, au mieux. Et un conflit au pire. Et puis s'il n'y avait que lui, ça serait peut-être envisageable, mais mes doléances quant à mon voisinage ont commencé avant son arrivée, vous en êtes témoins.

Non, il n'y a vraiment qu'une seule solution à cette situation, la solution à laquelle je me suis déjà résolu depuis un bon moment: Partir.


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