2 juin 2010

Heille, monsieur Sénéchal, avez-vous pris connaissance de la programmation du festival de jazz de Montréal de cette année ? Est-ce que vous y voyez beaucoup d'artistes francophones ? Qu'est-ce que vous attendez, vous et les vingt-quatre autres bozos dans votre genre qui ont signé une lettre demandant au gouvernement du Québec de couper les subventions au festival d'été de Québec sous prétexte que sa programmation ne contenait pas assez de contenu francophone, pour vous insurger devant cet état de fait ?

Je vais vous dire, moi, pourquoi vous allez rester silencieux cette fois: Parce que votre petite lettre, sous le couvert d'une cause supposément "noble", n'était en fait qu'une manière déguisée, de la part du milieu culturel Montréalais, d'essayer une fois de plus de nuire à un événement culturel québécois qui a lieu en dehors de la Seule et Unique Métropole Culturelle du Québec. Peut-être que si vous n'aviez pas tant insisté pour changer la date des Francofolies, il y aurait eu plus d'artistes francophones disponibles pour le festival d'été, hein ?

Le pire, c'est qu'un des loosers qui a signé cette lettre va justement se produire au festival d'été cette année. Tu parles d'une putain. Prend l'argent, mais crache dans la main qui te l'a tendu tout de suite après.

Peut-être que nos chers "artisses" qui se plaignent d'avoir de la difficulté à vivre de leur art au Québec trouveraient la vie moins dure s'ils arrêtaient d'essayer de nuire aux événements culturels qui mettent du pain et du beurre sur leur table...


Il y a plusieurs semaines j'ai reçu un téléphone qui m'a beaucoup surpris. Je n'en parle que maintenant parce que les impacts de cet appel devraient se concrétiser cette fin de semaine et que, ma fois, ça serait peut-être une bonne idée que je vous en parle avant que ça n'arrive. Je m'explique.

Il y a maintenant presque deux mois, un certain vendredi soir, mon téléphone sonna. Quelle ne fut pas ma surprise d'entendre à l'autre bout du fil la voix d'un interlocuteur masculin que je n'identifiais pas mais qui, lui, semblait très bien me connaître. Par contre, dès qu'il me dit son nom je le reconnu immédiatement, mais j'avais encore de la misère à croire que cette personne était bien celle qu'elle prétendait être. La raison en était fort simple: Je n'avais plus eu aucune nouvelle de la dite personne depuis bientôt trente ans.

Vous l'aurez deviné, il s'agit bien sûr d'un ami d'enfance. Pas celui dont je parlais régulièrement dans ces pages il y a quelque temps de ça, mais un autre. Pour mieux le situer, il s'agit d'un membre de la petite "gang" à laquelle j'appartenais à partir du milieu de mon adolescence jusqu'au tout début de ma vie adulte. Cette petite "gang" avec laquelle je sortais dans le bars, faisait des partys de sous-sol, passait des après-midi d'été dans la piscine de l'un ou au chalet d'un autre, ce genre de chose. Je n'entrerai pas dans les détails, il s'agit pour moi d'une autre époque, d'une autre vie. Je mentionnerai cependant, car de nos jours je crois que c'est digne de mention, que la demoiselle qui avait tout juste commencé à partager sa vie à l'époque est encore aujourd'hui sa compagne, et qu'ils ont eu deux enfants, maintenant au début de la vingtaine, que je n'ai bien sûr jamais connu.

Vous devinez sans doute quelle fut ma première question à son endroit: Quelle lubie lui a-t-il pris de non seulement chercher à reprendre contact avec moi, mais en plus de se donner la peine de me retracer ?! Il m'a expliqué que l'idée avait commencé à lui trotter dans la tête plusieurs semaines auparavant de s'essayer à retracer le plus grand nombre possible de membres de notre ancien groupe d'ami(e)s par les différents réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. Ça n'a pas marché avec moi bien sûr (puisque je n'ai aucune présence internautique sous ma véritable identité), mais il a réussi à rejoindre mon ami d'enfance (cette fois c'est bien celui dont je parlais ici) qui, lui, lui a transmis mes coordonnées.

Quelles sont les motivations profondes qui l'ont poussé, après presque trois décennies, à chercher à reprendre contact avec des personnes qui remontent si loin dans son passé, je n'en ai aucune idée. Crise de la quarantaine/cinquantaine, nostalgie, un quelconque événement plus ou moins récent dans sa vie, Dieu seul le sait. Pour être franc, je n'ai pas vraiment chercher à lui tirer les vers du nez, lui-même ne semblant pas tout à fait certain des raisons, ou n'étant pas particulièrement enclin à les partager, du moins pas au téléphone ou par courriel. Quoi qu'il en soit, quelles que furent ces raisons, elles ont dû avoir beaucoup d'impact sur lui, car il s'était mis dans la tête d'organiser un souper de retrouvailles et d'y réunir le plus grand nombre possible de membres de notre ancien groupe. La logistique a été un peu compliquée, plusieurs des dits membres habitant maintenant Montréal ou une quelconque autre ville, mais il semble qu'il ait finalement réussi à mettre tout le monde d'accord sur une date et un endroit, ce qui fait que ces fameuses retrouvailles auront finalement lieu cette fin de semaine. Par la correspondance que nous avons échangé durant ces préparatifs, on sens très bien qu'il est très enthousiaste et particulièrement emballé à l'idée de cette soirée prochaine.

Le problème, c'est que de mon côté, cette future rencontre ne m'emballe pas du tout. Et quand je dis qu'elle ne m'emballe pas, ce n'est pas une façon de dire que je répugne à l'idée d'y aller, mais bel et bien que cette rencontre ne fait pas naître en moi le moindre enthousiasme, la moindre anticipation. Bref elle me laisse complètement indifférent. Cela explique même sans doute la raison pour laquelle j'ai pris tant de temps avant d'en parler ici: Je n'avais absolument aucune envie de le faire. Cela avait si peu d'importance à mes yeux que je n'avais même pas la motivation de prendre la peine de m'assoir ici et de faire l'effort d'écrire sur le sujet. Je n'ai même pas la plus élémentaire curiosité de revoir tous ces gens, de découvrir ce qu'ils ont fait et ce qui leur est arrivé depuis les vingt-cinq dernières années, ni même de faire la connaissance de leur conjoints/conjointes s'ils en ont et s'ils sont différents de ceux et celles qu'ils étaient à l'époque, ou de leur famille s'ils en ont une.

Comme je l'ai dit plus haut, tous ces gens appartiennent à une autre époque, une autre vie. Ce n'est pas un rejet, c'est plutôt comme s'ils n'avaient jamais vraiment été "ma" gang. Avant de recevoir cet appel un certain vendredi soir il y a deux mois, je n'avais jamais vraiment réalisé à quel point la démarche dont vous avez été témoin durant les dix dernières années m'avait transformé. Pas transformé dans le sens qu'elle a fait de moi une autre personne, mais plutôt qu'elle a fait de moi la personne que je suis réellement, une personne que je n'ai jamais vraiment été durant la plus grande partie de ma vie, et donc une personne que tous ces gens de mon passé ne connaissent pas, n'ont jamais vraiment connu.

Et bien sûr, de par la nature même de la démarche que j'ai effectuée, je ne remettrai pas mon "masque" lorsque je serai en leur présence. Ce qu'ils verront donc arriver à cette soirée, ce sera ni plus ni moins qu'un étranger, une personne qui, physiquement, ressemblera à Laqk, aura la même voix que Laqk, partagera tous les souvenirs de Laqk, mais ne sera pas Laqk.

En fait, le seul brin de curiosité que je ressens en ce qui a trait à ces retrouvailles, c'est celle de voir leur réaction face à cette nouvelle personne dont ils vont bien malgré eux devoir faire la connaissance. Il est peu probable qu'ils aiment cette nouvelle personne d'ailleurs, d'abord parce qu'elle sera trop différente de celle dont ils ont souvenir et que ça les déstabilisera trop, mais aussi parce que, selon les critères de la société (ou peut-être même de la nature humaine), la personne que je suis réellement ne peut pas vraiment être qualifiée de particulièrement sympathique, et ce même si jamais de toute ma vie je ne me suis senti aussi bien dans ma peau que maintenant. D'un autre côté, je ne serai certainement pas le seul de tout le groupe à avoir subit une "transformation" radicale après toutes ces années. Je serai peut-être tout aussi surpris de refaire la connaissance de certains d'entre eux qu'ils le seront de refaire la mienne.

Quoi qu'il en soit, ce brin de curiosité sera ma seule source de motivation, lorsque le moment sera venu, pour faire l'effort de me lever de mon gros cul et me préparer pour être présentable au yeux de la société afin d'aller me faire chier en ville pour cette rencontre. Espérons que ce sera suffisant. Et si ça ne l'est pas, et bien je resterai ici, tout simplement, sans même ressentir le besoin de me décommander ou de justifier de quelque façon que ce soit mon absence à ceux ou celles qui s'enquerront peut-être de la chose. Oui, c'est à ce point là que l'éventualité de ces retrouvailles m'indiffère. Quoi qu'il en soit, je vous tiendrai au courant.


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