17 mai 2010

Avec le retour de la douceur les grenouilles ont émergé de la torpeur dans laquelle les nuits froides les avaient plongé. Lorsqu'elles chantent en si grand nombre, ces chants vont au delà du simple son; ils sont de la musique, de la douce musique, à la fois hypnotisante et sensuelle, qui remplit la nuit.

Les quelques derniers jours m'ont partiellement réconcilié avec mon milieu de vie. Disons simplement qu'ils m'ont fait redécouvrir, ne serait-ce que pour une courte période de temps, les raisons pour lesquelles j'appréciais tant vivre ici. Tous les soirs depuis environ une semaine j'ai pu m'endormir au son du chant des grenouille, ponctué par la longue complainte mystique du cri des huards qui, encore cette année, semblent avoir décidé d'élire domicile sur le lac, à mon grand plaisir. J'ai même pu à quelques reprises jouir des chauds rayons du soleil dans ma cour, vêtu de la façon la plus appropriée dans de telles circonstances. Mes voisins ne sont pas toujours là, et leurs enfants ont encore de l'école. Alors il arrive encore certaines occasions où je me sens toujours chez moi.

La journée d'aujourd'hui a été absolument parfaite. Copine et moi l'avons passé à parcourir un de ces sentiers de randonnée pédestre que j'ai récemment découvert dans une municipalité voisine. La nature était à son plus beau, avec toute cette végétation de sous-bois toujours présente alors que les arbres commencent à se parer de leur nouveau feuillage estival. La température était parfaite pour un effort physique modéré; seule une petite brise à peine perceptible soufflait, le soleil brillait haut et fort dans un ciel sans nuage, et pour couronner le tout: pas un seul insecte piqueur n'est venu gâcher cette journée idyllique.

J'ai complété cette journée de rêve par une petite ballade en kayak après le souper. Un seul et unique castor m'a accueilli d'un grand coup de queue dans l'eau. J'ai pu constater que les huttes jumelles ont toutes les deux été rebâties cette année. C'est d'autant plus surprenant qu'à date je n'ai jamais réussi à voir plus qu'un seul couple de castors dans le marais. Alors pourquoi se donneraient-ils la peine de travailler sur deux huttes en même temps ? Vraiment bizarre. La nature est une source intarissable de découverte et d'émerveillement.

En passant: En revenant de faire des courses cette semaine, mon voisin (mon nouveau voisin, celui qui est arrivé l'année dernière) m'a interpelé pour me saluer et pour me parler d'un sujet bien précis. En fait, il est intéressé à faire l'acquisition de ma maison lorsque je serai prêt à la vendre dans quelques années. Les choses se présentent de mieux en mieux pour moi. Voilà maintenant que trois personnes sont intéressées à acquérir ma maison. Et ils semblent prêts à payer le fort prix, tout en sachant très bien l'étendue des rénovations dont elle aura besoin.

Ça se présente bien pour moi. Je crois que, le temps venu, je n'aurai qu'à les laisser compétitioner entre eux à choisir la meilleure offre. Je sais, ce sera très "capitaliste" de ma part. Mais ce sera aussi probablement le tout dernier geste capitaliste que je poserai du reste de ma vie.


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