La réserve d'Amboseli est
réputée pour ses éléphants. Une rencontre avec ces derniers reste toujours
mémorable, car cela procure des impressions et des émotions particulières
et profondes, bien différentes de l'excitation ressentie à la vue d'un fauve.
C'est sans doute du fait de l'image duelle des éléphants dans notre imaginaire
: c'est le plus gros mamifère terrestre, mais sa "fragilité" - puisque
l'espèce a frôlé l'extinction - reste dans notre esprit.
Nous n'en vîmes d'abord
que quelques petites familles, relativement éloignées des pistes. Mais d'uns
seul coup, telle une apparition, nous découvrons trois éléphants à quelques
mètres de nous, là, près d'une mare où des hippopotames ont élu domicile.
Nous sommes émerveillés, d'autant qu'en arrière plan, éclairé par un soleil
déclinant, se dresse le Kilimandjaro qui daigne nous laisser distinguer sont
sommet enneigé mais si souvent caché par les nuages ou la brume ! Ce fut vraiment
une journée exceptionnelle ! Les trois éléphants ne s'éloignent pas, la mère
et deux petits - dont le plus jeune est étendu à ses pieds. Seul le haut de
leur corps est sec et la démarcation avec le bas humide est flagrante : ils
venaient juste de sortir du bain. Nous sommes vraiment comblés ! Mais on s'aperçoit
alors que le petit ne bouge absolument pas : les deux autres essaient pourtant
de le faire réagir régulièrement en le poussant un peu avec leurs pattes …
mais en vain. L'évidence foudroie notre joie : il est probablement mort. La
scène prend alors une dimension dramatique extrême. Elle nous bouleverse tous
! Aussi repartons-nous, tristes. Nous reviendrons cependant demain matin voir
si la mère le veille toujours ou l'a laissé aux hyènes, vautours et autres
marabouts. Ainsi va la vie dans les réserves ... comme ailleurs !
Nous rejoignons le camp d'Amboseli
situé lui aussi au milieu de la réserve et nous dressons les tentes avec une
certaine appréhension de la nuit à venir : de nombreuses crottes d'éléphants
jonchent le sol car le camp n'est absolument pas fermé. Il est donc impératif
de laisser une distance suffisente entre les tentes (3 m.) pour qu'un pachyderme
puisse passer. Pendant ce temps, le soleil se couche illuminant quelques instants
encore le sommet mythique … Après le repas, les Masai qui tiennent le campement
viennent nous montrer quelques danses traditionnelles, comme à tous les touristes
de passages ici, ce qui relativise le côté typique et l'intérêt de ces danses
dénuées de leur sens originel. Par contre, ils nous l'ont expliqué par la
suite. Ils nous ont ensuite parlé du mode de vie traditionnel de leur tribu,
la couleur rouge, notamment, omniprésente dans leurs pagnes s'explique par
le fait qu'elle se voit de très loin dans la savane. C'est de cette couleur
qu'étaient habillés les chasseurs et maintenant, elle est sensée faire peur
aux animaux. Je reste très septique sur ce point, car beaucoup d'animaux ne
distinguent pas les couleurs mais uniquement les mouvements, les buffles par
exemple !
Les jeunes
garçons sont guerriers ("moran") jusqu'à 25 ans, âge où ils peuvent se marier.
Seuls les jeunes ont des parures dans les cheveux et les garçons ont des décorations
sur les joues faites entre 3 et 5 ans par des brûlures ! - D.
F.