Dernière matonée à Amboseli

Nous nous levons tôt pour admirer le traditionnel lever de soleil sur le Kilimandjaro. Mais ce dernier déroge - et même inverse - ses habitudes : il était visible toute la seconde moitié de la journée d'hier mais reste dans le brouillard ce matin. Tant pis … nous ne pouvons être chanceux tous les jours ! La nuit fut calme, aucune de nos tentes ne fut écrasée par un éléphant, même si quelques excéments frais sont arrivés cette nuit sans que personne n'entende quoi que ce soit, malgré leur masse énorme, ils se déplacent en silence !

Nous repartons en safari dans la réserve pour la colline d'observation, seul endroit où il est autorisé de quitter les véhicules afin de profiter pleinement du panorama. De la haut, le spectacle est envoûtant et on comprend aisément l'immense fascination que ce pays a pu susciter. Sur plusieurs kilomètres autour de la colline, le paysage est extraordinaire et le silence remarquable, il participe d'ailleurs grandement à la magie du lieu. Quelques animaux sont là, paisibles : un éléphant tout proche, quelques pélicans au bord d'une mare semblant admirer leur parfait reflet dans l'eau, quelques gnous, zèbres et antilopes, mais la grande majorité des animaux présents hier alentours se sont déplacés pendant la nuit et éloignés d'ici.

Curieusement, l'éléphanteau que nous croyions mort a disparu lui aussi, comme les deux autres bien évidemment. Les charognards n'auraient pu faire leur œuvre entièrement et il ne reste aucune trace. La mère ne les aurait d'ailleurs pas laissés faire et serait certainement encore en train de le veiller en espérant qu'il se relève. Les rangers l'ont peut-être déjà enlevé, ce qui est peu probable (ils laissent tous les charognards (jusqu'aux insectes) œuvrer et n'enlèvent que la carcasse restante) , ou bien n'avait-il, contrairement aux apparences, rien de grave ! C'est en tous cas ce que nous espérons.

Mais suite à un problème mécanique, nous devons rapidement quitter la réserve et rejoindre la petite ville de Namanga à la frontière tanzanienne où l'on nous amènera une pièce de rechange. Nous traversons au passage le lac d'Amboseli qui est en fait un grand désert au milieu de la réserve. Il n'y a de l'eau que pendant les fortes précipitations de la saison des pluies. Nous y croisons tout de même quelques animaux dont au, loin, tel un petit mirage, un troupeau de plusieurs dizaines d'elephants dont les contours restent flous du fait de la chaleur sur le sable brûlant. L'après midi sera reposant à l'ombre des arbres du campement frontalier : cela va nous permettre de récupérer un peu !

Les Highlands sont en fait les plantations des colons britanniques et restent aujourd'hui la seule région de plantation kenyane : caféiers, fruitiers (manguiers, papayers, bananiers, …). C'est une région agricole importante bien qu'elle soit montagneuse, des systèmes d'arrosage modernes ont même été mis en place ici ! Nous approchons du Mont Kenya mais de gros nuages sont accrochés à son sommet et le rendent invisible. Nous camperons à sa base à 2000 mètres d'altitude dans un Lodge très "sélect" où l'on ressent encore l'influence d'une société britannique coloniale de classe plutôt élevée et presque caricaturale. L'ambiance de ce Lodge est particulière car c'est d'ici que partent toutes les expéditions pour le sommet (5200 mètres contre 5900 pour le Kilimandjaro). Vu l'altitude, la nuit promet d'être froide.

Journée étape, nous filons vers le nord : Nairobi puis les Highlands du massif du Mont Kenya. Le paysage change du tout au tout : il devient presque sahélien, puis au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude, la végétation se densifie à nouveau.