Jeudi 13 juillet 2000 : En piste pour Turkana.

Des montagnes et une piste sinueuse et raide àn'en plus finir, ce voyage pour "le bout du monde" nous semble des plus laborieux et le camion n'avance guère vite. Mais tout à coup se dévoile à notre regard, en contre bas, la Rift Valley, le berceau de l'humanité. Depuis ce col, la vue est magnifique et nous descendons le dernier flan de montagne afin de nous y engager : la piste y est meilleure et nous redonne un certain enthousiasme car nous espérons arriver plus vite désormais. Nous faisons une brève halte dans la dernière ville avant le lac Turkana - South Horr - afin de remplir nos réserves d'eau et de prendre un garde armé avec nous dans le camion car la piste n'est pas très sûre (des rebelles éthiopiens ont été signalés cette semaine).

La région devient de plus en plus aride. Pour finir il ne restera à notre vue que des millions de "cailloux" volcaniques entre lesquels quelques rares plantes parviennent à pousser on ne sait trop comment : elles émergent de façon irréelle dans ce paysage de pierre. La plupart meurent par manque d'eau. Quelques animaux vivent encore étrangement par ici, gazelles et dik-dik notamment, il faut dire que nous ne sommes pas encore tout à fait dans le désert.

C'est reparti vers le nord pour une journée de pistes particulièrement effroyables. Mais nous avons de la chance car aujourd'hui, nous bénéficions d'un confort tout relatif. Nous sommes en effet placés à l'avant du camion, là où les incessants cahots se font le moins ressentir : nous décollons de notre siège beaucoup moins souvent que les autres assis derrière (et nous sautons beaucoup moins haut également).

C'est alors qu'un cri retenti à l'arrière du camion : "UN GUEPARD !", incroyable, à une centaine de kilomètres de la réserve la plus proche, dans ce désert, il est là, trottant nonchalamment jusque sous un arbre où il s'assied pour observer la plaine autour de lui. C'est une vision extraordinaire et inattendue. Puis il repart en s'éloignant de la piste.

Tout va alors très vite, une gazelle, surprise derrière un rocher détale et le guépard s'élance à son tour. Son accélération est foudroyante et nous laisse à peine le temps de comprendre ce qui se passe. Presque aussitôt, ils disparaissent dans une zone surélevée par rapport à la piste et quelques dizaines de mètres plus loin un nuage de poussière s'élève : le chasseur vient d'attraper sa proie. Le tout n'a pas duré cinq secondes !

Nous continuons notre route : de longues heures de piste nous attendent encore sous le soleil. Le paysage est de plus en plus désertique : dans cette région la nature semble essayer de faire le vide du monde vivant. Nous sommes au milieu de nulle part et enfin nous apercevons au loin le bout de notre piste : le lac Turkana, dit "la mer de jade". C'est effectivement une véritable mer intérieure : 300 km de long pour une superficie supérieure à celle d'un département français, de plus son eau est salée et donc impropre à la consommation, même pour les autochtones.

Le guépard

Nous avons le temps de l'observer de loin car une crevaison - qui devait fatalement arriver sur cette piste en cailloux - nous oblige à stopper afin de changer une roue. Nous sortons du camion nous dégourdir les jambes, non sans une pensée pour ce guépard observé quelques heures auparavant, il serait en effet regrettable qu'un de ses congénères ne surgisse lui aussi de nulle part alors que nous nous sommes "esseulés" pour satisfaire un besoin naturel ! Mais non, rien de tel n'est arrivé, il faut dire nous ne croisions presque aucun animal (ou plante) depuis déjà de nombreux kilomètres.
Arrivée au Turkana
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Un village Samburu (suite)
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