La réserve de Masai Mara est également réputée pour ses nombreux
lions, et plus particulièrement en cette période de transhumance des gnous
- un tel rassemblement leur facilite la chasse - mais nous n'en observerons
"que" le matin. Les trois premiers ensembles, repus et se reposants
au bord de la piste, à l'ombre d'un buisson. L'un d'eux est d'ailleurs sur
la piste même, obligeant le camion à en sortir pour pouvoir passer, lui n'aura
pas bougé d'un pouce !
Nous nous arrêtons peu après
pour une "pause pipi" non loin d'un groupe de vautours. Il est cependant interdit
de descendre des véhicules dans la réserve aussi ceux qui en ont besoin descendent
par deux et doivent se soulager presque contre le camion, nous risquons cependant
une grosse contravention de la part des rangers s'ils nous voient. C'est alors
qu'à une vingtaine de mètres de nous se dresse un énorme mâle ! Ce lion était
allongé dans les herbes et personne ne l'avait vu. Cela a nettement coupé
l'envie de descendre aux derniers du groupe ! En fait, il venait de finir
son repas et il s'est levé pour aller rejoindre un point d'eau et boire. Les
vautours, eux, l'avaient bien ramarqué et ils attendaient que le lion s'éloigne
pour se partager les restes du festin. C'est à ce moment que l'ont mesure
les possibles dangers du bush : personne ne l'avait vu alors qu'il ne cherchait
pas à se cacher. Alors, lorsqu'il chasse, il devient parfaitement invisible
et si on le voit, c'est que c'est trop tard, d'autant qu'un lion peut faire
des très grands bonds (jusqu'à huit mètres) ! Zèbres et antilopes n'ont aucune
chance s'ils ne sont pas au sein d'un groupe organisé avec des guetteurs en
permanence !
Je ne reverrai qu'un seul
lion, furtivement, le soir dans la nuit, debout avec ses yeux brillants et
sa crinière au vent, alors que le camion filait à vive allure - mais déjà
trop en retard pour espérer un petit arrêt supplémentaire - vers la sortie
de la réserve, éclairant vaguement cette dernière de ses tristes phares jaunes.
Nous sortons pour rejoindre le campement, laissant, dans le relatif calme
nocturne, la savane africaine à ses animaux.
Les lions font partie des
animaux qui n'ont qu'une peur relative des hommes, bien qu'ils furent beaucoup
chassés à une certaine époque. Ce dernier est blessé à l'œil, sans doute s'est-il
battu pour une femelle car cette saison faste pour eux est aussi celle des
amours. Ce sont trois mâles avec une crinière magnifique. Ils se prélassent
mais il se dégage tout de même d'eux une force et une puissance étonnante.
Sans doute du fait de leur assurance, mais aussi par leurs pattes, elles sont
énormes. Ils ressembleraient un peu à des chats géants - comme tous les autres
fauves mais le lion est encore plus grand - doté d'une crinière et de pattes
surdimensionnées par la musculature ! Le lion est un animal exceptionnel et
ce que l'on ressent lorsqu'on l'approche de si près à l'état sauvage l'est
tout autant : on comprend alors aisément pourquoi il est appelé le roi des
animaux. Nous en découvrirons un quatrième un peu plus tard dans une position
similaire.
C'était notre dernier jour de safari,
déjà et nous repensons à tous ce que nous avons vu depuis le début, le bilan
est plutôt positif car nous avons eu vraiment de la chance. Seul manque
à notre "palmarès" le rhinocéros noir, qui se fait très rare. J'ai cependant
un regret : j'aurais aimé pouvoir observer une famille de lion (même si
ce n'est pas l'époque des tout petits lionceaux) ainsi que des lionnes en
chasse, ce sera peut être pour une autre fois … D'ailleurs sans doute est-ce
mieux ainsi, nous avons déjà eu beaucoup de chance et de bonheur d'avoir
pu observer autant d'animaux mythiques dans leur propre milieu. Mais leur
imprévisibilité ne ne fait-elle pas partie du charme du safari ? Sinon,
c'est qu'ils sont domptés et donc qu'ils ne sont plus à l'état naturel et
alors autant aller au zoo.
FRED