CORBEN LE MAÎTRE

Avant-propos

J'ai découvert CORBEN au milieu des années 70 au détour d'une histoire intitulée "Bénissez-moi, mon père" paru dans le magazine Vampirella (enfin je crois). Histoire que j'ai retrouvé plus tard dans l'album Une femme bafouée (Collection NEPTUNE juin 1982). Au delà de l'intrigue qui met en parallèle Gégé un psychopathe armé d'un hachoir et un flic  new-yorkais anonyme, ce qui m'avait frappé à l'époque, c'était l'extrême violence , la force créative et la puissance narrative du graphisme. Cet artiste fascinant est l'un des plus étonnant de la bande dessinée et pourtant l'un des plus méconnus. Maître incontesté des histoires courtes, les scénarios qu'il illustre possèdent la plupart du temps une forte connotation SF ou fantastique. Ses personnages, volontiers dénudés, ont toujours des mensurations pas possibles (Cela ne doit pas être simple de trouver des soutiens gorges adaptés à la poitrine de ses gonzesses). 

Son oeuvre majeure reste sans équivoque Den (Humanoïdes associés). Plusieurs thèmes sont récurrents chez Corben comme : les voyages dans le temps (Temps déchirés), les paradoxes temporels (Jeremy Brood), l'héroic fantasy (Bloodstar), les univers post-apocalyptiques (Vic et Blood), la sorcellerie, le gore, les mondes extra-terrestres etc.

Présentation

Je pourrais vous raconter que Richard Vance corben est né telle année, à tel endroit, qu'il avait un chien ou bien une tortue, mais d'autres l'ont fait bien mieux que moi. Si cela vous intéresse consultez l'excellent article "La minute de Killiann" sur le site de BD Paradisio : (si ce lien n'est plus actif, cliquez-ici) www.bdparadisio.com/corben.htm . Cet article est une magnifique biographie sur l'auteur.

Je vous dirais simplement que Corben c'est l'exemple parfait du mec génétiquement conçu pour faire de la BD. Petit, c'est sur, il devait dessiner dans la marge de ses cahiers d'école. Sa production est énorme, d'autant plus que ses techniques de mise en couleurs sont singulières et requièrent beaucoup de temps. Peu d'artistes de BD se sont essayé comme lui à l'aérographe et à ces mélanges audacieux de couleurs. Anticonformiste, son style est unique et inimitable. On aime ou on aime pas, mais il ne laisse pas indifférent comme on dit.

En France, il connut ses heures de gloire à partir des années 70 et durant la décennie suivante avec Vampirella, Creepy, Ere Comprimée (Monde mutant), mais surtout c'est Métal Hurlant ( Den, Den seconde époque, Bloodstar...) qui le fit toucher un plus large public. Par la suite, c'est l'Echo des Savanes Spécial USA qui fut le principal vecteur des bandes de Corben (Fils de monde mutant, Les contes du diamant noir, La saga de Den...). Mais tous ces magazines n'existent plus et trouver des albums de Corben n'est pas simple. Soit les éditeurs n'existent plus, soit les tirages sont épuisés. Il faut fouiller les sites spécialisés dans la BD de collection ou naviguer sur les sites d'enchère, mais bonjour les prix!

Toutefois saluons l'arrivée en 2000 d'un nouvel éditeur "Les éditions de TOTH" qui vient de sortir la suite de La saga de Den (La Quête). Malgré son peu de célébrité, il a quand même fait l'objet d'un grand nombre de parutions en France (voir sa bibliographie française sur ce site). 

Mais au delà des couleurs, qu'est ce que Corben a de si particulier, de si attirant ? Je dirais plusieurs choses, d'abord son art du découpage et le dynamisme induit. On voit qu'il a travaillé pendant des années pour des studios d'animation. Ensuite, il a toujours été fidèle aux univers fantastiques et la SF, que cela soit sur ses propres scénariis ou ceux des autres. Mais surtout, je crois que ce qui fait sa force c'est l'expression qu'il donne à ses personnages. L'art et la manière qu'il a de dessiner les visages, les corps, la chair quoi ! Il est souvent excessif dans les anatomies comme dans les sentiments exprimés. En fait, il est un formidable véhicule de nos fantasmes en tous genres et tout ça, évidemment, c'est un petit peu sexuel, n'est ce pas Sigmud ? Ses planches dégagent énormément d'érotisme, de sensualité, de violence. Le rapport aux femmes est assez troublant dans les histoires de Corben. J'essaie d'en faire une modeste analyse sur ce site dans la rubrique "les femmes de Corben".

 

En conclusion, Corben nous interpelle dans ce qui qu'il y a de plus primaire en nous, nos pulsions, notre libido et tout cela pour notre plus grand plaisir. Continue Richard, on en redemande !!!

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