Les religions
En cours
d'élaboration
Agnus Dei (mots lat. signif. «Agneau de
Dieu»), nom donné à Jésus-Christ (V. Agneau mystique). Cette
invocation, l’une des cinq prières qui constituent l’ordinaire de la
messe, se place entre le Pater et la communion.
Alcuin (Albinus Flaccus) (Eboracum, auj.
York, v. 735 Tours, 804), religieux et érudit anglo-saxon.
Inspirateur de la réforme liturgique et scolaire carolingienne, il
dirigea l’école du palais de Charlemagne à Aix-la-Chapelle, puis à
Tours.
anathème Sentence d’excommunication.
Réprobation, blâme solennel. Jeter l’anathème sur ses adversaires.
apostasie Abandon public d’une
religion au profit d’une autre.
arianisme, hérésie d’Arius qui, niant
l’unité et l’identité de substance du Fils avec le Père, ne
reconnaissait que partiellement la nature divine de Jésus-Christ,
infirmant ainsi le dogme de la Trinité. Le concile de Nicée (325)
condamna cette hérésie, mais elle se développa et fut sur le point
de l’emporter dans l’Église. Le concile de Constantinople (381)
confirma celui de Nicée: l’arianisme était vaincu.
athée Qui ne croit pas en Dieu, qui en nie
l’existence.
Bacon (Roger) (Ilchester, Somerset, 1214
Oxford, 1294), moine franciscain; théologien et savant
anglais, surnommé le Docteur admirable, précurseur de la science
expérimentale. Son œuvre (Opus majus, Opus minus, Opus tertium) est
une critique violente des méthodes philosophiques du temps et notam.
du syllogisme.
baptisme Doctrine religieuse selon
laquelle le baptême doit être administré aux adultes (et non aux
enfants), par immersion complète.
baptiste . Membre d’un mouvement religieux
protestant répandu surtout aux États-Unis, qui adopte les thèses du
baptisme.
Barth (Karl) (Bâle, 1886 id., 1968),
théologien protestant suisse. Son enseignement est marqué par un
retour radical à l’Écriture: Parole de Dieu et parole humaine
(1928), Dogmatique (20 vol., 1930-1967).
Bernard de Clairvaux (saint) (Fontaine,
près de Dijon, 1090 Clairvaux, 1153), moine de Cîteaux,
fondateur de l’abbaye de Clairvaux, docteur de l’Église. Conseiller
des princes et des papes, il obtint la condamnation d’Abélard au
concile de Sens (1140), prêcha à Vézelay et à Spire la 2e croisade
(1146-1147), fonda de nombr. monastères et écrivit des traités de
théologie, notam. De diligendo Deo (1126).
bienheureux, euse Qui jouit de la
béatitude céleste. Âmes bienheureuses. Dans l’Église catholique,
personne qui a été béatifiée. Le bienheureux Jacques de Voragine
Bonaventure (Giovanni Fidanza, saint)
(Bagnoregio, Ombrie, vers 1221 Lyon, 1274), théologien
italien; il fut surnommé le Docteur séraphique. Ministre général de
l’ordre des Franciscains (1257), cardinal (1273), légat du pape
Grégoire X au concile de Lyon (1274), il est animé d’inspiration
augustinienne (le Chemin de l’âme vers Dieu, 1259).
Bultmann (Rudolf) (Wiefelstede, près
d’Oldenburg, 1884 Marburg, 1976), théologien protestant all.;
exégète luthérien influent, soucieux de retrouver les paroles
authentiques du Christ (Jésus, mythologie et démythologisation,
1968).
Carmel (ordre de Notre-Dame-du-Mont-Carmel
et, par abrév., le), ordre religieux né v. 1180 d’une communauté
d’ermites rassemblés sur le mont Carmel, en Palestine. Certains
d’entre eux commencèrent à s’établir en Europe en 1235. En 1431, le
pape Eugène IV instaura un adoucissement à leur règle et leurs
constitutions se rapprochèrent de celles des dominicains. En 1562,
Jean de la Croix et Thérèse d’Ávila réformèrent l’ordre. On
distingue auj. les grands carmes ou carmes chaussés, les carmes
déchaux (réformés), les carmélites (de l’ancienne observance et
réformées).
Cîteaux, écart de la com. de
Saint-Nicolas-lès-Cîteaux (Côte-d’Or, arr. de Beaune); 150 hab.
Célèbre abbaye fondée en 1098 par Robert de Molesmes.
L’ordre de Cîteaux fut créé pour restaurer la règle de saint Benoît
dans sa simplicité primitive. Saint Bernard favorisa la création de
l’abb. de Clairvaux (1115), qui devint la maison mère d’une
communauté dont l’essor fut prodigieux (694 monastères en 1300).
Entré en décadence au XIVe s., l’ordre, sous l’impulsion de J. Le
Bouthillier de Rancé, donna naissance à la Trappe en 1664. Il est
auj. scindé en deux: le saint ordre de Cîteaux (commune observance)
et l’ordre des Cisterciens (stricte observance), appelés aussi
trappistes.
Claire (sainte) (Assise, v. 1194
id., 1253), fondatrice avec saint François d’Assise, son directeur
spirituel, de l’ordre des Pauvres Dames, ou ordre des Clarisses
(1212). Elle fut canonisée dès 1255.
déisme PHILO Opinion, croyance de ceux qui
admettent l’existence d’un être suprême mais qui refusent de lui
appliquer toute détermination précise et rejettent la révélation,
les dogmes et les pratiques religieuses.
donatiste Les donatistes, sur le plan
religieux, liaient la validité des sacrements à la sainteté du
ministre et pratiquaient fanatiquement le culte du martyre. Berbères
non romanisés, ils opposaient, sur le plan politique, la simplicité
paysanne à la pompe des clercs qui parlaient latin et appuyaient
leur administration sur les structures de l’Empire romain.
exégèse Didac. Critique et interprétation
(philologique, historique, etc.), des textes, en partic. de la
Bible. L’exégèse biblique moderne s’attache à l’étude des textes les
plus anciens.
Évangile (l’), ensemble et chacun des 4
livres qui exposent le message du Christ (évangile, en gr., «bonne
nouvelle»). Les Évangiles de saint Matthieu, saint Marc, saint Luc
et saint Jean racontent la vie et exposent la doctrine de
Jésus-Christ. Ils ont tous les 4 été rédigés en grec; toutefois, une
version primitive de l’Évangile de saint Matthieu l’a probablement
été en araméen. L’Église n’a reconnu que ces 4 Évangiles comme
canoniques; les 3 prem. sont dits synoptiques car leurs relations de
la vie du Christ présentent de fortes concordances. D’autres textes,
dont l’authenticité n’a pas été suffisamment établie, ont été
qualifiés d’Évangiles apocryphes. Les Évangiles synoptiques furent
mis en circulation peu après le milieu du Ier s., celui de saint
Jean vers la fin du Ier s. (V. Matthieu, Marc, etc.).
Ézéchiel (v. 627 v. 570 av. J.-C.),
l’un des trois grands prophètes de la Bible: il prédit la prise de
Jérusalem par Nabuchodonosor et la renaissance d’Israël. Livre
d’Ézéchiel: livre biblique (48 chapitres), recueil des oracles et
visions du prophète
fidéisme Doctrine selon laquelle la
connaissance des vérités premières ne peut être fondée que sur la
foi ou la révélation divine.
franciscain, ordre fondé probablement en
1209 par saint François d’Assise, avec l’approbation du pape
Innocent III (1210). Il est auj. formé de trois branches
indépendantes: les frères mineurs de l’observance (franciscains
proprement dits), les frères mineurs capucins (ordre formé en 1619)
et les frères mineurs conventuels. Cet ordre mendiant connut au
XIIIe s. un développement considérable, mais aussi des crises, nées
des différentes conceptions de la pauvreté. On appelle abusivement
franciscaines les religieuses de l’ordre des clarisses (ou pauvres
dames), fondé par sainte Claire en 1212; ce nom doit être réservé
aux religieuses du tiers ordre régulier de saint François, par ex.
les franciscaines missionnaires de Marie.
Genèse (la), le premier livre du
Pentateuque et donc de la Bible. Nommé en hébreu Bereshit («Au
commencement»), il raconte la Création (genèse) du monde,
l’expulsion d’Adam et d’Ève hors du Paradis terrestre, le meurtre
d’Abel par Caïn, le déluge universel, l’histoire d’Abraham et de ses
fils, Ismaël et Isaac, celle de Jacob et d’Ésaü, fils d’Isaac, et
celle des 12 fils de Jacob, pères des 12 tribus d’Israël. Le livre
se termine par le récit du séjour en Égypte de Joseph. La Genèse
dispense un enseignement précis: le Dieu unique a tout créé; l’homme
a refusé de reconnaître à Dieu le droit exclusif de lui fixer le
Bien et le Mal, et Dieu a sanctionné ce refus par la souffrance et
par la mort, mais il a promis à l’homme une revanche sur les
puissances du Mal.
gnose [gnoz] 1. HIST Syncrétisme
religieux qui se répandit dans les derniers siècles de l’Antiquité
et qui prétendait donner accès, par l’initiation, à la connaissance
suprême transmise par la tradition. V. gnosticisme.
2.
Didac. Tout savoir qui se pose comme connaissance suprême.
gnosticisme Les origines du gnosticisme,
ou plutôt des gnosticismes (on trouve, à côté des différentes gnoses
chrétiennes, des gnoses juives et islamiques), sont mal connues. Il
semble qu’on puisse parler d’une lointaine gnose irano-babylonienne,
mais le foyer le plus important fut Alexandrie au déb. du IIe s.
apr. J.-C. Princ. gnostiques: Clément d’Alexandrie, Origène (gnose
chrétienne dite «orthodoxe»), Simon le Magicien, Basilide,
Carpocrate, Valentin, Marcion, Bardesane (gnose chrétienne
hérétique).
Guillaume de Saint-Amour (Saint-Amour,
Franche-Comté, 1202 id., 1272), théologien français; maître à
la Sorbonne, adversaire des ordres mendiants.
hassidisme Courant mystique et ascétique
du judaïsme traditionnel qui se développa principalement aux XIIe et
XIIIe s. et fut restauré par le Ba’al Shem Tov (1700 - env. 1760).
hérésie Dès les temps apostoliques, le
christianisme connaît des hérésies «judaïsantes» ou «hellénisantes»,
qui portent sur la nature de Jésus, homme pour les uns, dieu pour
les autres. Aux IVe et Ve s. apparaissent les hérésies trinitaires,
dont la plus connue est l’arianisme, monothéisme simple qui insiste
sur la seule nature divine du Père. Suivent les hérésies
christologiques des Ve et VIe s.: nestorianisme et monophysisme,
qui, contrairement à l’arianisme, demeurent exclusivement
orientales. À partir du XIe s., les hérésies ne portent plus sur la
doctrine, désormais fixée, mais sur la pratique religieuse et sur
l’organisation de l’Église. Elles sont populaires, évangéliques et
s’élèvent contre l’existence du sacerdoce. Certaines, évangéliques
et ecclésiastiques, voulurent réformer l’Église de l’intérieur, sans
détruire sa continuité ni son unité, notam. avec Wyclif (Angleterre)
et Hus (Bohême) aux XIVe et XVe s. Le courant des hérésies
manichéennes ou dualistes est représenté en Orient par les
bogomiles, en Occident par les cathares (V. albigeois). Les
religions réformées du XVIe s. («protestantisme»), considérées par
Rome comme hérétiques, ont consommé un schisme qu’elles ne
souhaitaient pas; quant au jansénisme des XVIIe et XVIIIe s., il ne
peut davantage être assimilé à une hérésie. Auj., si les définitions
théoriques concernant l’hérésie demeurent les mêmes, l’attitude de
l’Église (autref. violemment répressive), sauf cas d’espèce, est
bien différente. L’heure est au dialogue, à l’œcuménisme.
Inquisition (tribunal de l’) ou absol.
l’Inquisition, institution chargée entre le XIIIe et le XIXe s. de
réprimer l’hérésie dans certains États catholiques. La mise en place
de l’Inquisition trouve son origine dans un décret du concile de
Vérone (1184) relatif aux hérétiques de Lombardie. Les prem.
inquisiteurs connus, deux moines de l’ordre de Cîteaux, apparaissent
en 1198, désignés par Innocent III lors de l’hérésie cathare (V.
albigeois). D’abord présentée comme un organisme judiciaire
temporaire, l’Inquisition a été transformée en établissement
régulier et permanent par les conciles du Latran (1215) et de
Toulouse (1229). Ce nouveau tribunal spécial, itinérant ou fixe, fut
organisé par Grégoire IX, qui en confia la direction exclusive aux
dominicains (1231). La procédure était secrète. Toute personne
pouvait être poursuivie sur simple dénonciation, l’essentiel pour
les juges étant d’obtenir l’aveu des inculpés, ce qui, à partir de
1252, les amena à utiliser la torture. Par son action brutale
(supplice du feu et confiscation des biens attendaient ceux qui
n’abjuraient pas), l’Inquisition réussit à abattre l’hérésie cathare
à la fin du XIIIe s.; elle fut aussi utilisée pour combattre
d’autres formes d’hérésie, pour réprimer la sorcellerie, pour
persécuter les non-chrétiens ou jugés tels. Au XVe s., les progrès
de la centralisation royale firent peu à peu tomber en désuétude les
tribunaux d’Inquisition en France; leur importance déclina aussi
dans le reste de l’Europe, sauf en Espagne, où l’Inquisition resta
vigoureuse jusqu’au XVIIIe s., exerçant un rôle polit. et relig.
considérable: expulsion des Maures, des Juifs et des marranes (Juifs
convertis dont la foi était suspecte).
Jacques de Voragine (bienheureux)
(Gênes, v. 1228-1230 id., 1298), dominicain italien,
archevêque de Gênes (1292). Sa Vie des saints fut popularisée sous
le nom de Légende dorée
jansénisme Le jansénisme est
essentiellement une doctrine de la prédestination et des rapports du
libre arbitre et de la grâce. Il s’appuie sur l’Augustinus, ouvrage
présenté comme une somme des thèses de saint Augustin, et dans
lequel Jansénius soutient que le péché originel a ruiné la liberté
de l’homme, et que la grâce est uniquement déterminée par la volonté
de Dieu qui l’accorde ou non à chacun (prédestination gratuite). Le
grave débat théologique qui suivit la publication du livre (1640)
opposa les solitaires de Port-Royal et Pascal (adeptes de Jansénius)
aux jésuites. Ces derniers firent parvenir au pape un résumé, en
cinq propositions, de la doctrine de l’Augustinus, qu’Innocent X
condamna comme hérétique (bulle Cum occasione, 1653). L’opinion
éclairée se passionna pour ce débat où les jésuites étaient pris à
partie (Lettres provinciales de Pascal, en 1656-1657) et qui mettait
en cause toutes les formes d’absolutisme, pontifical et royal. Le
pouvoir politique parut l’emporter avec la destruction de Port-Royal
des Champs (1709) et la dispersion des religieuses; en réalité, le
jansénisme survécut comme une forme d’opposition pendant tout le
XVIIIe s., notam. dans les milieux parlementaires.
Jean de la Croix (saint) [Juan de Yepes]
(Fontiveros, 1542 Ubeda, 1591), mystique espagnol. Entré chez
les Carmes, il participa, avec sainte Thérèse d’Ávila (1567), à la
réforme de l’ordre de Notre-Dame-du-Mont-Carmel. Œuvres: la Montée
du Carmel, la Nuit obscure, la Vive Flamme d’amour, le Cantique
spirituel. Docteur de l’Église.
Jérémie (Anatot, v. 645 Égypte, v.
580 av. J.-C.), prophète juif, l’un des quatre grands prophètes de
l’Ancien Testament. Un siècle après Isaïe, il assista à la
disparition du royaume de Juda et du Temple. Le livre biblique des
Prophéties de Jérémie (52 chapitres) comprend une partie
biographique, vraisemblablement rédigée par Baruch, son secrétaire.
Les poèmes des Lamentations, postérieurs à la ruine de Jérusalem
(587 av. J.-C.), sont d’un auteur non identifié.
Jésus ou Jésus-Christ (Jésus, forme
grecque du nom hébr. Josué, signif. Dieu sauve; Christ, du mot gr.
«Khristos», signifie oint), fondateur de la relig. chrétienne. Du
strict point de vue historique, on admet que Jésus est né à
Bethléem, non pas en l’an 753 de Rome (chronologie usuelle), mais
quelques années auparavant, v. 5 ou 4 av. le déb. de l’ère
chrétienne. Sa prédication, transmise dans les Évangiles, paraît
avoir duré trois ans. On ne connaît rien de sa vie entre sa douzième
et sa trentième année. Il fut condamné à mort et crucifié à
Jérusalem le vendredi 14 du mois de nisan (7 avril) de l’an 30, ou
bien le 3 avril 33. Selon les Évangiles, Jésus est le Sauveur, le
fils de Dieu, le Messie, prédit par les prophètes, et la deuxième
personne de la Trinité. Conçu par l’opération du Saint-Esprit dans
le sein de la Vierge Marie, épouse de Joseph, il vint au monde dans
une étable de Bethléem. Pour le soustraire au massacre des
nouveau-nés ordonné par le roi Hérode, ses parents l’emmenèrent en
Égypte. Quelques années plus tard, la famille s’établit à Nazareth,
en Galilée. Jean-Baptiste, le Précurseur, donne à Jésus le baptême
et le désigne à la foule comme le Messie. Jésus parcourt alors la
Galilée et la Judée, prêchant une éthique («Aimez-vous les uns les
autres») qui se veut plus élevée, et surtout plus universelle, que
les préceptes moraux de la relig. juive de l’époque: «Dieu est
Amour, annoncez la bonne nouvelle (en gr. euaggelion, d’où évangile)
au monde», demandera-t-il à ses disciples. Sans rompre avec le
judaïsme, il développe des thèmes nouveaux (la rédemption, notam.)
qui donneront corps à une nouvelle théologie, à une nouvelle
religion: le christianisme. Il s’adresse aux humbles et, pour se
faire comprendre, use de paraboles. Il opère des miracles. Bientôt,
à la suite de Simon (le futur saint Pierre), onze autres disciples
se groupent autour de lui: ce seront ses apôtres. De retour à
Jérusalem, Jésus voit se dresser contre lui les princes des prêtres,
les pharisiens, etc. Trahi par l’un de ses apôtres, Judas, il est
amené devant le grand prêtre Caïphe, qui le condamne à mort comme
blasphémateur pour s’être déclaré fils de Dieu. Ponce Pilate,
procurateur romain de Judée, se refuse à confirmer cet arrêt, tout
en abandonnant Jésus à son sort. Celui-ci est crucifié sur le mont
Calvaire (Golgotha) entre deux larrons. Détaché de la croix, il est
enseveli. Mais, le troisième jour après sa mort, le tombeau est
vide: Jésus est ressuscité. Quarante jours après sa résurrection, il
monte au ciel (Ascension). La Résurrection n’est pas un fait
historique directement constatable. C’est indirectement seulement
qu’elle nous est connue: le tombeau est vide le dimanche matin (le
jour de Pâques des chrétiens); ensuite, Jésus apparaît plusieurs
fois à ses disciples pour leur donner diverses instructions. Lors de
l’Ascension, Jésus apparaît une ultime fois et adresse un dernier
message: il ne demande pas qu’on l’imite servilement, mais il laisse
sa Parole et son Esprit.
jésuite Membre de la Compagnie de Jésus.
Jan Hus (Husinec, Bohême, vers 1370
Constance, 1415), réformateur religieux tchèque. Recteur de
l’université de Prague (1409), il fixa l’orthographe et la langue
littéraire tchèques. Prédicateur (chap. Bethléem, à Prague), il dénonça les
vices du clergé et les tares de l’Église, reprenant à son compte certaines idées
du théologien anglais Wyclif. Excommunié en 1411, frappé d’une
nouvelle excommunication (majeure) en 1412, il fut cité devant le
concile de Constance (1414). S’étant rendu dans cette ville protégé
par le sauf-conduit de l’empereur Sigismond, il fut néanmoins
condamné comme hérétique, emprisonné et brûlé vif. Sa mort entraîna
la révolte de ses partisans, qui tinrent tête au pape et à
l’empereur jusqu’en 1437 (guerres hussites).
Légende dorée (la) (Legenda aurea),
ouvrage primitivement connu (jusqu’au XVe s.) sous le titre Legenda
sanctorum («des saints»), composé v. 1260 par Jacques de Voragine.
Destiné à magnifier par des exemples les préceptes de l’Évangile, il
renferme des anecdotes sur la force d’âme, les miracles ou le
martyre de très nombr. saints.
Lucie ou Luce (sainte) (Syracuse, v. 283
id., v. 304), vierge et martyre. En Scandinavie, on célèbre la
fête de la Lumière à la Sainte-Lucie (13déc.), soit parce que, avant
l’adoption du calendrier grégorien (XVIIe s.), les jours
commençaient à rallonger à cette date, soit parce que Luce vient du
lat. lux, lucis, «lumière».
Luther (Martin) (Eisleben, 1483 id.,
1546), théologien et réformateur protestant allemand. Devenu
«maître» en philosophie de l’université d’Erfurt (1505), il entra
chez les Augustins de cette ville. Envoyé en 1511 à Wittenberg, il y
fut reçu docteur en théologie. Dès cette époque, les écrits de saint
Augustin et les Épîtres de saint Paul lui parurent répondre à
l’anxieuse question du salut: le pécheur ne peut se sauver par
lui-même, c’est la grâce de Dieu reçue par la foi seule qui sauve;
seul compte le lien personnel de l’homme avec Dieu. Le 31 oct. 1517,
à l’occasion de la venue du dominicain Tetzel, qui prêchait une
indulgence pour l’achèvement de la basilique Saint-Pierre de Rome,
il afficha à Wittenberg 95 thèses, points princ. du luthéranisme
naissant. Excommunié par Léon X en 1520, mis au ban de l’Empire en
1521, il trouva refuge à la Wartburg, domaine de Frédéric III,
Électeur de Saxe. Là, il ne cessa d’écrire pour diffuser sa doctrine
et entreprit de traduire la Bible en allemand; de retour à
Wittenberg en 1522, il organisa la vie des communautés qui se
réclamaient de lui. En 1525, il épousa une ancienne religieuse,
Katharina von Bora. Cette même année, il invita les seigneurs à
écraser la révolte des paysans, en partie suscitée par le
libéralisme de ses écrits. Ses ouvrages (la Captivité de Babylone,
Petit Traité de la liberté chrétienne), au style neuf et vigoureux,
modelèrent l’esprit de l’Allemagne moderne.
luthérien L’unité doctrinale des
luthériens, qui reconnaissent la Bible comme l’unique autorité en
matière de foi, repose sur le Grand Catéchisme, le Petit Catéchisme
de Luther (1529), la Confession d’Augsbourg (publiée par Melanchthon
en 1530 avec l’approbation de Luther), les Articles de Smalkalde
(rédigés par Luther, 1537) et la Formule de concorde de 1580. La
pierre angulaire de la croyance luthérienne est la conviction que
seule la foi confiante en l’infinie bonté de Dieu sauve le fidèle.
L’affirmation du salut par la foi seule, don absolument gratuit de
Dieu, menait au dogme de la prédestination, notion radicalement
étrangère à l’esprit de l’humanisme. Les deux sacrements essentiels
à la vie du chrétien sont le baptême et l’eucharistie (le
luthéranisme, contrairement au calvinisme, professe la
consubstantiation). L’organisation des Églises luthériennes diffère
selon les pays où elles sont implantées: Allemagne, pays
scandinaves, É.-U., France (où les deux Églises luthériennes, qui
rassemblent 300000 fidèles, font partie de la Fédération des Églises
protestantes). On compte auj. env. 100 millions de luthériens dans
le monde.
manichéisme Né de la vieille religion
naturiste de Babylone, du mazdéisme, du bouddhisme et du
christianisme, le manichéisme admettait, conjointement avec des
données chrétiennes issues du Nouveau Testament, l’existence
simultanée d’un principe du bien et d’un principe du mal, et la
double création émanée de chacun d’eux. Son influence semble avoir
subsisté jusqu’en plein Moyen Âge, notam. dans la doctrine des
bogomiles et des albigeois.
Mahomet ou Mohammed (en ar. Mu·ammad, «le
Loué»), dit le Prophète (La Mecque, v. 570 Médine, 632),
prophète de l’islam. Orphelin dès sa naissance, Mahomet fut élevé
par un oncle et assez tôt chargé de la garde des troupeaux. Plus
tard, il entra au service d’une riche veuve, Khadidjah. Il
accompagna ses caravanes en Syrie, et elle l’associa à ses affaires
puis l’épousa. Ils eurent sept enfants: trois fils, qui ne vécurent
pas, et quatre filles; la plus jeune, Fatima, épousera Ali, cousin
de Mahomet, et assurera la descendance du Prophète. La Mecque, cité
caravanière, était le lieu d’un pèlerinage polythéiste; cependant,
l’existence d’un courant monothéiste y est attestée. Mahomet avait
pris l’habitude de méditations solitaires dans une grotte du mont
Hira; c’est là, par des songes d’abord, par des visions ensuite,
qu’il eut, par l’intermédiaire de l’archange Gabriel, la révélation
de la mission dont Dieu l’investissait (V. Coran). Son entourage
reçut son message et l’encouragea; les riches commerçants de La
Mecque repoussèrent une doctrine qui ruinait leurs intérêts, tandis
que les humbles formèrent un groupe d’adeptes. En 619, ayant perdu
deux fidèles alliés, Khadidjah et son oncle Abu Talib, Mahomet dut
chercher refuge hors de La Mecque, où il s’opposait désormais à son
oncle paternel Abu Lahab. Des contacts furent pris avec des tribus
de la ville de Yathrib, palmeraie au N.-O. de La Mecque, qui
cherchaient un médiateur. Mahomet y émigra avec ses partisans en
622. Cette émigration (hidjra, «hégire») est le point de départ de
l’ère musulmane, et Yathrib prit le nom de Al-Madinat an-Nabi (la
«ville du Prophète»: Médine). Le Prophète organisa à Médine la
communauté musulmane (umma), formée de deux catégories égales
d’adeptes: les Muhadjirun, émigrés mecquois, et les Ansar, disciples
de Médine. Ranimant la foi monothéiste d’Abraham (Ibrahim), Mahomet
donna des racines purement arabes à l’organisation culturelle et
liturgique (qu’il précisa au fil des années). Victoires et défaites
militaires alternèrent contre les Mecquois, qui conclurent avec
Mahomet un pacte (628) permettant le pèlerinage et stipulant une
trêve de dix ans. En 630, les Mecquois ayant rompu la trêve, le
Prophète s’empara de leur ville, détruisit les idoles, décréta une
amnistie générale, puis retourna à Médine. Les derniers adversaires
se rallièrent; vers 632, toute l’Arabie était pratiquement
islamisée. Mahomet fit le pèlerinage (dit «de l’Adieu») à La Mecque
et en codifia les rites (·adj); au retour, il tomba malade et mourut
le 8 juin 632.
Matthieu ou Mathieu (saint) (Ier s.), un
des douzes apôtres (aussi nommé Lévi), publicain à Capharnaüm. Son
Évangile, longtemps considéré comme le premier en date, est en fait
postérieur à celui de Marc.
Marc (saint) (Ier s.), l’un des quatre
évangélistes; son Évangile est le second Évangile synoptique après
celui de Matthieu, dont il reprit la version primitive et influença
la version définitive. Compagnon de Paul, puis de Pierre, il serait
mort en Égypte. Marc est le patron de Venise, qui a pris pour
emblème un lion ailé, figure sous laquelle Ézéchiel entrevit le
saint dans une de ses visions.
Marie-Madeleine (sainte) (Ier s. ap.
J.-C.), sainte dont le culte s’est développé dès le Ier s. ap. J.-C.
Sous ce nom et ce culte uniques sont en fait confondues trois
personnes: la pécheresse qui oignit de parfum les pieds du Christ et
obtint son pardon; Marie de Magdala, qui reconnut Jésus ressuscité
près de son tombeau; Marie de Béthanie, sœur de Lazare et de Marthe,
qu’une tradition provençale fait aborder aux
Saintes-Maries-de-la-Mer. ¶ ART Une très riche iconographie la
représente: fresques d’Assise par Giotto (v. 1300, basilique
inférieure), œuvres de Donatello (sculpt. en bois, v. 1455,
baptistère de Florence), Titien (Noli me tangere, v. 1510, Londres),
le Tintoret, Véronèse (le Repas chez Simon, v. 1573, Louvre),
Rubens, G. de La Tour ( Madeleine à la veilleuse, v. 1640, Louvre),
Ribera (Sainte Madeleine, v. 1645, Prado), Delacroix.
Matthieu ou Mathieu (saint) (Ier s.), un
des douzes apôtres (aussi nommé Lévi), publicain à Capharnaüm. Son
Évangile, longtemps considéré comme le premier en date, est en fait
postérieur à celui de Marc.
melkite
Après le concile de Chalcédoine (451), les
monophysites ont nommé ainsi les melkites pour souligner leur
soumission au décret de l’empereur (melek) Marcien. Les melkites se
répartissent aujourd’hui entre orthodoxes (trois patriarcats) et
catholiques (un seul patriarcat), généralement nommés «grecs
catholiques». Leurs langues liturgiques sont l’arabe et le grec.
messianique L’attente messianique est une
des données permanentes du judaïsme. Après l’espérance d’une Terre
promise, le peuple juif requit de Dieu une réelle puissance
politique. Il attendait de lui un vrai roi, à l’image de David. Les
prophètes entretinrent cette espérance populaire d’un «fils de
David», en réaction à un pouvoir royal souvent faible et corrompu.
De nombreux messies apparurent, se disant chacun l’Élu de Dieu. L’un
de ces messies, Jésus de Nazareth, connut un sort unique. Une autre
forme de messianisme apparut alors chez les chrétiens: l’attente du
retour de Jésus qui doit instaurer, sur terre, le royaume de Dieu.
Depuis deux mille ans, de multiples mouvements messianiques sont nés
dans les diverses Églises chrétiennes. Il y en eut au Moyen Âge en
Europe, aux XVIIIe et XIXe s. en Amérique du Nord. De nombreux
phénomènes messianiques ont également existé en Afrique (V.
kimbanguiste), au Brésil, en Océanie, souvent en réaction contre des
dominations étrangères.
monophysisme Le véritable promoteur de
l’hérésie monophysite fut l’archimandrite (abbé) d’un monastère de
Constantinople, Eutychès (mort vers 454). Le monophysisme est
représenté auj. par trois Églises indépendantes: Église jacobite de
Syrie, Église arménienne et Église copte (deux branches, l’une en
Égypte, l’autre en Éthiopie).
mysticisme n. m. 1. Doctrine philosophique,
tour d’esprit religieux qui suppose la possibilité d’une
communication intime de l’homme avec la divinité (communication qui
procéderait d’une connaissance intuitive, immédiate) par la
contemplation et l’extase. Mysticisme chrétien, bouddhiste.
2.
Par ext. Doctrine philosophique fondée sur l’intuition immédiate,
sur une foi absolue en son objet.
œcuménisme
En
dépit de quelques réalisations pratiques traduisant un certain
universalisme chrétien, le mouvement œcuménique ne vit le jour qu’au
début du XXe s. (1910, première conférence missionnaire mondiale
protestante d’Édimbourg). Toutes les confessions ont contribué à ce
rassemblement, mais l’initiative en revint aux protestants, rejoints
par les Églises orthodoxes. Un pas important fut franchi en 1948,
quand fut créé le Conseil œcuménique des Églises (C.Œ.É.), qui
rassemble la quasi-totalité des confessions chrétiennes, à
l’exception de l’Église catholique. Celle-ci, mis à part les efforts
de quelques pionniers isolés, ne considéra véritablement
l’œcuménisme comme une tâche fondamentale qu’à partir du pontificat
de Jean XXIII (création en 1960 d’un «Secrétariat pour l’Unité»); le
décret Unitatis Redintegratio du concile Vatican II consacra, en
1964, cette volonté catholique d’œuvrer en faveur de l’union. Les
rencontres de Paul VI et du patriarche Athénagoras à Jérusalem
(1964) puis à Istanbul (1967), la levée (en 1965) de la double
excommunication de 1054, posèrent de nouveaux jalons dans cette
marche vers la réconciliation, mais le pontificat de Jean-Paul II
n’a pas accéléré celle-ci.
Odile (sainte) (?, v. 660 Hohenburg,
v. 720), fondatrice et prem. abbesse du monastère de Hohenburg (sur
le mont Sainte-Odile, en Alsace). Patronne de l’Alsace.
Opus Dei (prélature de la Sainte-Croix et
), structure pastorale appartenant à l’organisation hiérarchique de
l’Église catholique fondée en 1928 par un prêtre espagnol, José
María Escrivá de Balaguer y Albas, afin de favoriser dans toutes les
couches de la société la pratique des principes de l’Évangile
notamment dans l’exercice du travail professionnel. L’Opus Dei fut
approuvé par Pie XII en 1947 et dirigé par Mgr Javier Echevarria.
panthéisme
Le
panthéisme, le plus ancien de tous les systèmes cosmogoniques, a
revêtu des formes multiples depuis l’époque des antiques philosophes
hindous jusqu’à nos jours. On peut distinguer deux formes de
panthéisme. Dans toutes deux, le créationnisme (de type
judéo-chrétien) est remplacé par l’hypothèse d’une nécessité
absolue. 1. Pour le panthéisme géométrique de Spinoza, Dieu est «un
être absolument infini», constitué par un nombre infini d’attributs.
Le monde se déduit de cette substance primitive comme une
conséquence dérive de son principe. Ce panthéisme est donc dépouillé
de tout anthropomorphisme. 2. Le panthéisme évolutionniste fut
soutenu dans l’Antiquité, par les Stoïciens notamment: le monde est
un être vivant; il y a donc en lui, comme dans l’être humain, une
«partie dirigeante», une âme (Dieu). Mais l’âme et le monde forment
une seule et même substance; Dieu est une force intérieure à tous
les êtres; il est partout, jusque dans les choses les plus viles.
Hegel compare aussi le monde à un être vivant et son unité est celle
de la vie. Selon la terminologie hégélienne, l’absolu, d’abord Idée,
vérité à l’état abstrait, s’extériorise en nature, extérieure à la
pensée pure, puis, revenant sur lui-même, devient Esprit,
c’est-à-dire conscience, pensée qui se connaît elle-même. Dieu n’est
ni Idée pure, ni pure nature, il ne se réalise pleinement que dans
l’Esprit absolu, immanent à l’esprit humain.
patristique Partie de la théologie qui
étudie la doctrine des Pères de l’Église. ¶ adj. Relatif aux Pères
de l’Église.
pélagianisme Doctrine hérétique du moine
Pélage, qui niait le péché originel et affirmait que l’homme peut
faire son salut par ses seuls mérites.
Robert de Molesmes (saint) (en Champagne,
v. 1028 Molesmes, Bourgogne, 1111), bénédictin français;
fondateur de l’abbaye de Cîteaux (1098).
sunna, tradition de l’islam rapportant les
faits, gestes et paroles (hadith) de Mahomet, considérée comme
complétant le Coran et constituant immédiatement après lui la Loi.
La sunna (ou Tradition) constitue donc l’orthodoxie musulmane, et on
peut voir en les sunnites les musulmans orthodoxes. En fait, les
sunnites (près de 900 millions de musulmans) et les chiites (env.
125 millions) se distinguent en ceci: les sunnites affirment la
légitimité des califes qui succédèrent à Mahomet, alors que les
chiites n’ont pas admis la déposition d’Ali, gendre de Mahomet, en
659. V. islam.
Stubbs (William) (Knaresborough,
Yorkshire, 1825 Cuddesdon, Oxford, 1901), historien et évêque
anglican anglais d’esprit libéral, dont la Constitutional History of
England in Its Origin and Development (1873), traduite en fr. par
l’historien Georges Lefebvre, demeure la base de l’histoire des
libertés et du parlementarisme anglais.
transsubstantiation [tRssybstsjasj] Rare
Transmutation. . CATHOL Changement intégral du pain et du vin
eucharistiques en la substance du corps et du sang de Jésus-Christ.
(Confessée par les orthodoxes, la transsubstantiation l’est avec des
nuances par certaines Églises protestantes alors que d’autres la
contestent.)
Swedenborg (Emanuel) (Stockholm, 1688
Londres, 1772), savant et théosophe suédois. S’étant d’abord
consacré à la recherche scientifique, il eut en 1743-1744 une suite
de visions et de rêves, qui le persuada qu’il avait pour mission de
communiquer avec le monde des esprits commandant le monde visible:
Arcanes célestes (1749-1756), la Nouvelle Jérusalem (1758), etc. Ses
disciples (princ. en Angleterre) s’organisèrent en «Églises de la
Nouvelle Jérusalem». L’illuminisme de Swedenborg marqua Novalis,
Balzac, Nerval, Strindberg.
tantrisme
Les
tantras exposent le culte de la Çakti, qui est l’aspect féminin de
Çiva. La Çakti est la source et la synthèse, en tant qu’Épouse de
Brahma, des énergies productrices de l’Être universel; en tant
qu’Épouse de Vichnou, des énergies conservatrices; en tant qu’Épouse
de Çiva des énergies destructrices, ou transformatrices. Le culte
tantrique se présente comme le mieux approprié au monde actuel. En
harmonie avec les caractères «matérialistes» d’une telle époque, la
voie tantrique préconise une ascension spirituelle fondée non sur le
renoncement et sur une vie contemplative, mais sur le développement
de la puissance (virvam) et des vertus du héros (vira). En effet,
une force cosmique réside dans l’être humain, où elle est
représentée comme enroulée (kundalinî) sur elle-même, en spirale, à
la façon d’un serpent; cette force lumineuse et sonore est localisée
corporellement dans des centres nerveux (chakras). Le yoga
consistera à «éveiller» cette force, qui est comme endormie chez
l’homme ordinaire, à la dérouler suivant une direction ascendante et
à la résorber à mesure qu’elle traverse les centres de force que
sont les chakras. Au sommet de cette montée la conscience du yogî
aboutit à ce qui est appelé le «lotus à mille pétales», où se
réalise l’union avec la suprême Çakti.
théisme Doctrine philosophique selon
laquelle le principe d’unité de l’Univers est un Dieu personnel,
cause de toute chose.
théologie
La théologie apparaît partout où une réflexion
s’articule à une pratique religieuse (rites, traditions) pour la
mieux connaître. En ce qui concerne le judaïsme, V. talmud et
kabbale; pour l’islam, V. aussi islam, Coran, Veda, hindouisme. Nous
donnerons ici comme exemple l’histoire de la théologie chrétienne.
Du IIIe au VIe s., les Pères de l’Église élaborent une pensée,
d’autant plus riche qu’elle est moins abstraite, sur les grands axes
de la foi: limites de la connaissance de Dieu, la personne de
Jésus-Christ, le salut, l’Église, etc. Les Pères grecs, en
particulier, distinguent la «théologie», ou connaissance de Dieu
dans sa vie trinitaire, et l’«économie», ou intervention de Dieu
dans l’histoire des hommes; ils tirent parti du platonisme et du
stoïcisme. En Occident la théologie sera élaborée dans les
monastères et leurs écoles. C’est une méditation de l’Écriture,
intériorisée et affective. L’introduction d’une pensée dialectique
plus rigoureuse fera passer de la théologie monastique à la
scolastique. Cette évolution, commencée au IXe s., sera marquée
surtout par saint Anselme, puis par Abélard au XIIe s., saint
Bernard restant un théologien monastique. L’âge d’or de la
scolastique est le XIIIe s.: la théologie se lie à l’Université
naissante. C’est l’époque des «sommes théologiques», lesquelles
succèdent aux «concomitantes», ou commentaires de l’Écriture. La
redécouverte d’Aristote et les discussions des philosophes juifs et
arabes permettront l’éclosion de la théologie comme science: elle se
propose d’expliquer l’Univers par les «causes dernières», la cause
créatrice. Au XVIe s., la Réforme protestante est aussi une réforme
de la théologie, puisqu’elle fait appel à l’Écriture seule contre
toutes les interprétations philosophiques et scolastiques dénaturant
le noyau évangélique de la foi. Le renouveau théologique qui avait
suivi la Réforme et la Contre-Réforme catholique connaîtra de la fin
du XVIIe au début du XIXe s. une période de déclin. L’Aufklärung (V.
lumières) combat le dogmatisme théologique. Kant, tout en limitant
la connaissance au monde sensible, ouvre la liberté et la morale à
Dieu, mais ce Dieu n’est pas confessionnel. L’«idéalisme allemand»
sera le dernier grand essai systématique de théologie rationnelle,
favorisé d’ailleurs par une philosophie romantique de la nature et
l’influence de Spinoza reliant étroitement Dieu et la nature.
Ensuite, jusqu’à nos jours, écloront des œuvres parcellaires,
reflétant la spécialisation du travail théologique.
Trinité (la) ou la sainte Trinité, dans le
christianisme, l’union en une seule personne (Dieu) de trois
personnes distinctes: le Père, le Fils et l’Esprit-Saint (V.
Saint-Esprit). Ce mystère a fait l’objet de nombreux commentaires et
entraîné des schismes. L’Église célèbre la Sainte Trinité le
dimanche qui suit la Pentecôte.
Thérèse d’Ávila (sainte) [Teresa de Cepeda
y Ahumada] (Ávila, 1515 Alba de Tormes, 1582), religieuse et
mystique espagnole. Entrée en 1536 au couvent de l’Incarnation
d’Ávila, elle réforma l’ordre du Carmel avec l’aide de Jean de la
Croix. Thérèse a retracé son itinéraire spirituel dans plusieurs
ouvrages: le Livre de la vie (1562-1565), le Chemin de la perfection
(1565), les Exclamations (1566-1569), le Livre des fondations
(1573-1582) et le Château intérieur (1577). Première femme déclarée
docteur de l’Église (1970).
Thérèse de l’Enfant-Jésus (sainte)
[Thérèse Martin] (Alençon, 1873 Lisieux, 1897), religieuse
française. Entrée à quinze ans au carmel de Lisieux, elle y vécut
dans une extrême simplicité, en suivant la «petite voie». À la
demande de sa supérieure, elle écrivit un récit autobiographique,
Histoire d’une âme (1897). Elle fut canonisée en 1925.
Wyclif ou Wycliffe (John) (Hipswell, près
de Richmond, Yorkshire, v. 1330 Lutterworth, 1384), théologien
anglais, précurseur de la Réforme. Il s’attaqua à l’autorité
spirituelle du pape (De officio regis, 1378), aux indulgences, à la
confession obligatoire et prêcha un retour aux Écritures. Il
défendit les paysans lors de leur révolte (1381), dans Servants and
Lords. Le concile de Constance (1415) le condamna à titre posthume.
Sa doctrine eut une grande influence sur Jan Hus.