Appel des 103
Les textes : 28 octobre 2001
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24 JANVIER 2000 : UN PAS POUR LA DEMOCRATIEDans un appel lancé en mai 1997, 103 magistrats et personnalités ont notamment rappelé que lindépendance de la justice est la garantie de limpartialité des juges Souvent promise, jamais assurée, elle est devenue une exigence de la démocratie. La réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature renforce lindépendance de la justice. Dune part elle distend le lien entre lautorité judiciaire et le pouvoir exécutif en entourant de nouvelles garanties la nomination des magistrats du parquet qui ne dépendra plus du seul ministre de la justice ; dautre part elle renforce la légitimité du Conseil Supérieur de la Magistrature dont la majorité des membres devient extérieure au corps judiciaire, ce qui limite les risques de corporatisme. En votant ce projet de loi constitutionnelle en 1998, la très grande majorité des députés et sénateurs la bien compris. Fort logiquement, le parlement réuni en Congrès le 24 janvier 2000 devrait ladopter. Un revirement fondé sur la crainte dune justice trop indépendante serait une aventure désastreuse, analogue à celle que fût le vote de la loi damnistie. Les signataires estiment en conséquence que : 1/ Lapplication de la loi pénale aux hommes politiques comme aux citoyens, est une obligation faite au juges. Elle comble au surplus la demande du public en attente dune morale civique respectée par leurs dirigeants politiques. Létablissement dun statut pénal dérogatoire pour les élus aurait un effet déplorable sur le pacte démocratique et ne ferait quaggraver la crise du politique. La démocratie senrichirait davantage de réformes qui garantissent à tous la présomption dinnocence et les droits fondamentaux dun procès équitable. 2/ Pour autant, la voie pénale na pas vocation à envahir les champs politiques et administratifs et doit rester le régulateur subsidiaire qui sanctionne les violations les plus graves de la loi, au lieu dintervenir par défaut en raison de la carence des autres procédures de contrôle et de la disparition des responsabilités civile, administrative ou politique. 3/ La responsabilité des juges est une question légitime qui doit être posée dans un équilibre entre leur protection contre les procédures abusives destinées à tenter de les intimider et la nécessité de sanctionner d éventuelles défaillances ; à cet égard le Conseil Supérieur de la Magistrature rénové doit être lorgane de contrôle du respect de cet équilibre. Le nouvel équilibre des institutions ne peut résulter dun marchandage entre plus dimpunité des élus et plus de contrôle des juges. Indispensable pour la justice, le vote de la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature par le Congrès à Versailles le 24 janvier 2000 est aussi un acte fondateur pour le renouvellement de la vie démocratique de notre pays.Paris le 13 janvier 2000 |