25 septembre 2000

Au fil des années, j'ai lentement détruit brique par brique toute ma vie sociale et affective, mais je n'ai rien reconstruit à la place.

Mon tout premier noyau social fut évidemment ma famille; mes parents, mon frère et ma soeur. Aujourd'hui, je vais visiter mes parents à l'occasion. Je ne visite jamais mon frère ni ma soeur, je ne les appelle jamais, je ne leur écrit jamais. Je n'ai de contacts avec eux que lorsque nous nous rencontrons chez mes parents, ainsi que dans le temps des fêtes. Je ne suis pas proche d'eux. Il n'y a aucune amertume entre nous. Nous avons simplement peu de choses en commun, à part nos gènes. Alors nous n'avons tout simplement plus de contact.

À l'adolescence, je faisais parti d'un groupe de plusieurs personnes, garçons et filles. Nous allions à l'école ensemble, nous sortions dans les bars ensemble, nous nous visitions souvent, nous avons vécus nos premiers amours entre nous. Aujourd'hui, je n'ai plus de contact qu'avec une seule de ces personnes: l'ami dont j'ai déjà parlé, celui qui travaille de soir et que je ne vois presque plus pour cette raison. Durant les vingt dernières années, seulement deux personnes significatives sont entrées dans ma vie et y sont encore: Lola et Copine. Nos choix de vie respectifs me séparent de la première, et pour ce qui est de la seconde, force m'est donnée d'admettre que je ressens un malaise à son égard.

Peut-être est-ce pour ça que je me sens si vieux. Je suis à l'âge où beaucoup de gens commencent une nouvelle vie. Ma mère avait l'âge que j'ai actuellement quand elle m'a mise au monde (je suis le plus jeune de la famille). Elle et mon père se lançaient dans la grande aventure de la famille. C'était un deuxième commencement, une sorte de renaissance. Pour moi, cette vie est terminée, et je n'ai rien devant moi. Pas de grande aventure, pas de nouveau départ, seulement le vide...

Dois-je en conclure que ce qui me manque tant, c'est de fonder une famille ? Je n'en sais rien. Je ne suis plus sûr de rien. Je suis tellement mêlé et angoissé que je vais évidemment explorer toutes les possibilités. J'ai besoin de me trouver, de me comprendre, de mettre en ordre toutes ces choses dans ma tête, dans mes tripes et dans mon coeur.

J'ai relu les entrées de mon journal que j'ai écrite vers la fin du mois d'août, en particulier celle où je disais me sentir bien, sentir que je gagnais la bataille, que mon isolement se fissurait. C'est vrai que j'ai progressé beaucoup depuis plusieurs mois. Tout allait en s'améliorant. Je sortais de ma coquille, je fréquentais de nouvelles personnes très intéressantes, je commençais à me sentir sincèrement bien et à ma place avec eux. Je pouvais même me permettre de ressentir un petit pincement au coeur pour certaines demoiselles.

Alors pourquoi cette rechute ?

C'est à n'y rien comprendre.


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