13 mars 2001

Il existe un "running gag" entre l'amant présumé et moi. À chaque fois que je le rencontre je lui lance: "Pis, quoi de neuf ?", et il me répond immédiatement "Rien que du vieux !". Mais ce matin sa réponse fut différente:

- Peut-être du neuf; c'est quelque chose dont je ne peux pas parler encore...

Et vous savez à quoi j'ai immédiatement pensé ? Qu'il allait bientôt quitter sa femme et s'engager dans une relation avec Consoeur.

Hier soir, Consoeur a fini de travailler assez tard, comme ça lui arrive souvent d'ailleurs (nous finissons toujours assez tard tous les deux). Elle était fidèle à son poste quand je suis allé remplir les bidons d'eau. L'amant présumé ne travaillait pas hier. Ce soir, en montant au laboratoire en fin de journée, Consoeur n'y était pas. Vous savez ce que je me suis imaginé ? Qu'elle avait profité de l'heure tardive pour aller retrouver l'amant présumé dans son bureau. En quittant le travail quelques minutes plus tard j'ai constaté que sa voiture n'était pas dans le stationnement. Elle était bel et bien partie. Mon imagination avait travaillé encore une fois.

Cet intérêt que je porte à Consoeur n'est plus que la simple manifestation de l'attirance que j'ai pour elle. Ça commence dangereusement à ressembler à une obsession névrotique et malsaine. Terriblement malsaine.

Est-ce de l'amour que je ressens pour elle ? Absolument pas. C'est une dépendance, une dangereuse dépendance. La preuve: lorsque je passe une longue période sans la voir, comme durant mes vacances d'été par exemple, elle finit par me sortir complètement de la tête après une courte période de sevrage. Puis, quelques jours après mon retour au travail, ça recommence.

Si jamais Consoeur tombe sur mon journal, ça va lui foutre une telle trouille de lire tout ce que j'ai pu écrire sur elle à date qu'elle va aller chercher une ordonnance de la cour pour que je me tienne loin d'elle !

Suis-je un harceleur potentiel ? Ai-je cela en moi ?

Je commence à me faire peur moi-même...


Malgré tout, alors que je faisais mon marché tout à l'heure, je me suis surpris à me parler à moi-même tout bas, à blaguer, à sautiller dans les allés dès que personne ne me regardait...

J'ai vraiment une soif de vivre et d'être heureux assez incroyable...


J'aurais envie de monter à Montréal ces temps-ci. J'aurais le goût de prendre la route, de rouler pendant des heures, au son de la douce musique que me ferait jouer mon lecteur de CD nouvellement réparé, d'arriver chez Lolita, Nikita et CaroLargo, de changer d'air et de lieu, de changer d'ambiance. Malheureusement, je crois bien que ce ne sera plus jamais possible. Lolita reviendra ici toutes les fins de semaines, car il y a de la maladie dans sa famille. Et fin mai, elles redéménagent ici toutes les trois car leurs études seront terminées. Et je ne connais personne d'autre à Montréal, à part Hôtesse, avec qui je ne suis vraiment pas assez intime pour m'inviter comme ça chez elle une fin de semaine (je ne crois pas que son chum apprécierait d'ailleurs). J'ai bien quelques lectrices à Montréal, mais aucune de qui je suis assez proche encore. J'accepterais volontiers l'invitation de l'une d'elles, mais jamais je ne m'inviterais chez elle.

(La phrase précédente n'est pas un message subliminal. Qu'on se le tienne pour dit...)

En fait, oui, il y a bien cette lectrice que je suis allé visiter au mois de janvier et avec qui j'ai passé de si bons moments. Mais en ce qui la concerne, j'attend son invitation. Nous nous sommes entendus ainsi.

Je repensais justement à elle cette semaine.

Vous savez l'une des choses qui m'a plu énormément de cette fin de semaine ? C'est cette énergie sexuelle qui a passé entre nous. Après le malaise compréhensible des premières heures, Cette femme m'a permis, et je me suis permis, de vivre et d'exprimer pleinement l'attirance sexuelle que j'avais pour elle. Pour une des premières fois de ma vie, je ne me sentais pas pervers et coupable de la désirer. Que nous ayons passé ou non à l'acte n'a aucune importance. Je me sentais libre de lui exprimer clairement mon désir et mon excitation, et je lui permettais de jouir pleinement du plaisir de savoir que c'était elle qui m'excitait ainsi, je lui permettais de me voir comme un objet sexuel, comme une source d'inspiration pour alimenter ses fantasmes. J'aime être perçu ainsi maintenant. Beaucoup de personnes s'offusquent de savoir que quelqu'un se procure du plaisir en pensant à elles, en regardant leur photo, en lisant leurs écrits ou en écoutant le son de leur voix, mais pas moi. Plus maintenant. Après presque quarante ans de vie, il commence à être temps que je laisse enfin libre cour à cette partie de moi. Depuis ma visite chez cette lectrice, son souvenir alimente régulièrement mes fantasmes lorsque je me caresse, et elle sait qu'elle a la permission de faire de même. Si un jour nous nous rencontrons à nouveau, et si elle me fait à nouveau l'immense faveur d'offrir à ma vue son corps nu, je m'en délecterai sans gêne, sans retenue, je parcourerai du regard chaque centimètre carré de sa peau, je me délecterai de la rondeur de ses courbes, du galbe de ses seins, et je laisserai sans pudeur l'excitation monter en moi. Et elle, elle sera tout à fait libre de faire de même avec mon corps, de s'en régaler, de s'en exciter, de poser son regard partout sur moi, y compris sur l'érection qu'elle m'aura procuré et que je n'essaierai plus de réprimer cette fois. Et nous vivrons pleinement tout cela dans la confiance totale, dans le respect absolu de l'autre et de ses limites.

Je suis un être sexuel. Pas seulement sexuel, mais aussi sexuel, en plus de toutes les autres facettes de mon être. Et à l'avenir je veux que toutes les nouvelles connaissances que je me ferai me perçoivent ainsi. Je ne veux plus jamais avoir à refouler et à cacher cette partie si importante de mon être.


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