Comité Cambodgien de Vigilance
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LA CONSTITUTION DU ROYAUME DU CAMBODGE
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La désignation du Président de lAssemblée nationale, personnage central dun pouvoir politique que ne vient équilibrer aucun contre-pouvoir politique, occupant déminentes fonctions dans le Royaume après le Roi. Il assume les fonctions de Chef de lEtat en qualité de Régent en cas dincapacité du Roi. Il préside le Conseil du Trône, un collège appelé à élire le roi en cas de vacance du Trône (article 11 - 12 et 13). | |
La désignation de ses deux Vice-Présidents lesquels sont également membres du Conseil du Trône. | |
Celle de tous les membres des Commissions parlementaires. |
2 - Sont également soumis au vote à la majorité des 2/3, par le biais du vote de confiance que tout gouvernement doit solliciter et obtenir de lAssemblée nationale avant dentrer en fonction, le choix des ministres et de leurs attributions, leur maintien ou leur renvoi (article 90, alinéa 8 et article 98, alinéa 1).
Il est à ajouter que les séances de lAssemblée ne sont prises valablement en considération que si elles ont réuni le quorum des 7/10ème de la totalité des sièges (article 88, alinéa 2), une disposition qui ne pourrait quamener, suivant son application, à accentuer la paralysie du législatif.
Lorsquon sait par ailleurs que dans le gouvernement bicéphale - une étrange création constitutionnelle dopportunité politique instituée à titre transitoire pour la durée de la première législature - celui qui détient la réalité du pouvoir est de par la force des choses celui qui dispose de lautorité sur le terrain, il est permis davancer que toute décision ou toute réforme de tous ordres qui aura pour effet de remettre en cause le statu quo du pouvoir et de lordre établis ne saurait recevoir de suite que dans la mesure et la limite consenties par le PPC.
En consacrant de la sorte la minorité désavouée par les urnes comme pouvoir dominant,
La Constitution bloque le libre jeu bénéfique des institutions démocratiques. Dans une situation où le problème de la réconciliation nationale, la remise en ordre et la réhabilitation du pays appellent des approches et des décisions rapides, voire pour certaines, radicales, lefficacité de laction de lexécutif et celle du travail du législatif ne manqueront pas de sen trouver particulièrement affectées. | |
Elle hypothèque lourdement la crédibilité des suffrages à venir. |
Ecarté le régime présidentiel, le régime parlementaire, celui de léquilibre des pouvoirs - droit pour lexécutif de dissoudre lassemblée, dune part, droit pour lassemblée de mettre en jeu la responsabilité politique du gouvernement, de lautre - na pas été non plus retenu. Pourtant, lexpérience des démocraties libérales saccorde à le reconnaître comme le meilleur garant institutionnel du bon fonctionnement de la démocratie. Le régime adopté par la Constitution est une variante du régime dassemblée, celui où le pouvoir de lassemblée est dominant.
Ainsi lexécutif ne peut-il dissoudre lAssemblée. Une fois celle-ci élue, il ne saurait être mis fin à son mandat avant son terme, sauf dans léventualité où le gouvernement est renversé deux fois dans un délai de 12 mois, une disposition inspirée de la Constitution du Royaume de 1947, elle-même reprise dune disposition similaire de la Constitution française de 1946 où, dans lune comme dans lautre, elle navait jamais reçu application. Même dans ce cas où la dissolution de lAssemblée est de droit, le Roi ne peut la prononcer que sur accord du Président de lAssemblée, le gouvernement ayant seulement le droit de la proposer (article 78).
Cest encore le Président de lAssemblée qui, avec laccord de ses deux Vice-Présidents, propose au Roi la personnalité devant être désignée pour former le gouvernement et se présenter à linvestiture avec toute léquipe quelle aura choisie.
Enfin, il nexiste pas de seconde chambre, ne serait-ce quune chambre de réflexion.
Le régime dassemblée ne se retrouve nulle part aujourdhui dans les démocraties libérales des pays occidentaux ni en Asie, comme au Japon, en Inde ou en Thaïlande, ni même dans nos précédents constitutionnels. La première Constitution du Royaume, octroyée par Sa Majesté le Roi Norodom Sihanouk en 1947, avait choisi dadopter, elle aussi, le principe de léquilibre des pouvoirs : droit pour le roi, sur proposition de lexécutif, de dissoudre lassemblée, dune part, droit pour lassemblée dinterpeller le gouvernement et de mettre en jeu sa responsabilité politique, de lautre. Une seconde chambre avait été instituée sous le nom de Conseil du Royaume. Par la suite, des amendements, qui nont jamais remis en cause ce principe, sont intervenus.
Larticle 2 du Titre Premier intitulé De la souveraineté dispose formellement que :
Lintégrité territoriale du Royaume du Cambodge est absolument inviolable dans ses frontières délimitées dans les cartes à échelle 1/100 000 faites entre les années 1933-1953 et internationalement reconnues dans les années 1963-1969.
Il découle de la lettre et de lesprit de ces dispositions que tous traités et accords qui consacrent une telle violation doivent être considérés de plein droit comme nuls. Telle nest pas la solution retenue dans larticle 55 du Titre IV intitulé Du régime politique.
Article 55
Tous traités et accords qui ne sont pas compatibles avec lindépendance, la souveraineté, lintégrité territoriale, la neutralité et lunité nationale du Royaume du Cambodge doivent être annulés (RtUvEtlb'ecal).
Le texte se réfère ici aux traités et accords conclus avec le Vietnam aux termes desquels lEDC avait fait abandon dune partie importante de nos territoires terrestres et maritimes. Daprès les dispositions de larticle 55, ces traités et accords ne sont pas nuls ; ils doivent être annulés. La nuance est significative. Tant quils ne sont pas annulés, ils demeurent valides.
Par quel organe devront-ils être annulés, suivant quelle procédure et dans quelles conditions ? Aujourdhui lont-ils été ?
Cest à lAssemblée que reviennent le droit et le devoir de procéder à cette annulation. La majorité requise est celle absolue des membres qui la composent.
Article 90, alinéas 5 et 7
LAssemblée approuve ou annule (lb'ecal) les traités ou conventions internationaux.
Les votes ci-dessus interviennent à la majorité absolue des membres qui la composent.
La version française du texte utilise le terme rejette pour traduire le mot cambodgien (lb'ecal) qui signifie clairement annule. Le terme rejette sécartant totalement de ce sens, il apparaît préférable de sen tenir au texte cambodgien qui seul fait foi.
Pour que son vote soit valable, lAssemblée devra réunir, avant de tenir sa séance, un quorum égal à 7/10ème des membres qui la composent (article 88, alinéa 2).
A lheure actuelle, il ne semble pas que ces traités et accords aient été annulés.
En acceptant de considérer ces traités et accords comme valides, en attendant quils soient annulés, le Royaume du Cambodge se reconnaît héritier de lEDC. Il devra, en cette qualité, en vertu de la règle sur la succession des Etats, assumer la succession dans sa totalité, à lactif comme au passif, cest-à-dire dans tous les droits et obligations qui découlent de tous les traités et accords conclus entre lEDC et le Vietnam. La porte ne serait-elle pas ouverte sur linconnu ?
Il sagit ici de toute forme datteinte portée dans lavenir à lindépendance, à la souveraineté et à lintégrité territoriale du Royaume. De telles atteintes ou violations sont considérées comme nulles de plein droit, et toute approbation apportée par lAssemblée à de tels actes participe de cette nullité. Le seul organe compétent pour constater et prononcer cette nullité est le Conseil Constitutionnel.
Article 92
Toute approbation par lAssemblée contraire au principe de la préservation de lindépendance, de la souveraineté, de lintégrité territoriale du Royaume du Cambodge et qui porte atteinte à lunité politique ou à la direction administrative du pays est considérée comme nulle. Le Conseil Constitutionnel est le seul organe qui a pouvoir de décision concernant cette nullité.
Le Conseil Constitutionnel, une heureuse création de la Constitution reprise de la Constitution française, est composé de 9 membres dont le mandat est fixé à 9 ans. 1/3 doit être renouvelé tous les 3 ans. 3 membres sont désignés par le Roi, 3 membres par lAssemblée et 3 autres membres par le Conseil Supérieur de la Magistrature (article 118).
Ce qui est fort singulier dans la rédaction de larticle 92, cest le terme " et " qui sonne comme autant de conditions dont est assortie latteinte à lindépendance, à la souveraineté, à lintégrité territoriale du Royaume pour quelle soit frappée de nullité, comme si une telle atteinte ne constitue pas déjà par elle-même un acte suffisamment grave pour être sanctionnée de la sorte. Par ailleurs, quel est le contenu exact des termes unité politique et direction administrative pour quils priment de la sorte, dans léchelle des valeurs, lindépendance, la souveraineté et lintégrité territoriale du Royaume. A défaut de pouvoir accéder aux documents des travaux préparatoires, on ne peut que sinterroger.
Les citoyens khmers sont égaux devant la loi, possèdent des droits à la liberté et ont les mêmes devoirs sans distinction de race, couleur, peau, sexe, langue/langage (Pasa), croyances tendances politiques, origine de naissance, classe sociale, richesse et autres aspects.
La version française du texte utilise le mot langage et non langue pour traduire le terme cambodgien Pasa lequel englobe les deux sens. Le terme Pasa se comprendrait-il, comme il se devrait, dans le sens de langue, cela signifierait quun citoyen cambodgien pourrait ne pas savoir parler sa propre langue ! Une véritable tragédie pour le peuple khmer, pour sa culture et son identité.
Quoi quil en soit et quel que soit le sens quon retient de ce mot, sa formulation dans la loi suprême dun Etat, dans le contexte précis où elle sexprime, est sans précédent dans lhistoire constitutionnelle. On ne la retrouve ni dans la déclaration française des droits de lhomme inscrite dans le préambule de la Constitution de 1946, ni dans ce monument historique quest la déclaration française des droits de lhomme de 1789. Cette formulation est significative de lévolution de la composition de la communauté nationale. Il faut vraiment que les nouveaux citoyens khmers qui ont une certaine façon de parler le khmer atteignent une proportion telle par rapport à la population autochtone pour quil en soit fait ainsi état, et à ce niveau.
Dans une déclaration faite, le 6 octobre 1992, devant le National Press Club à Washington, le chef de lAPRONUC (UNTAC), a révélé que les colons vietnamiens (vietnamese settlers) établis au Cambodge se chiffrent à deux millions (2 M), soit le quart (1/4) de la population cambodgienne. Le chiffre et la proportion dévoilés sont dramatiques pour un petit peuple de 8 millions dhabitants, exsangue, dépourvu de toute structure daccueil et dintégration. La France, un grand pays développé de 57 millions dhabitants, avec seulement moins de 8 % détrangers (de plusieurs ethnies) sur son sol, proclame déjà par la voix de ses plus hauts dirigeants que le seuil de tolérance est dépassé, et certaines hautes personnalités politiques en sont venues à parler même d'invasion. Nombre de Français, de leur côté, qui ne nourrissent pourtant pas de préjugés raciaux, salarment du péril que le flux migratoire fait courir à lidentité nationale de la France, de ce que limmigration, au seuil présent, devienne une source de mutations génératrices dune situation où ils ne pourraient plus se retrouver dans ce que lhistoire a fait ce quils sont.
Le brassage des peuples constitue un enrichissement indéniable pour une nation. Encore faudrait-il quil seffectue dans le respect de son identité, plus communément, pour le Cambodgien, de ce sentiment ressenti de pouvoir être chez soi, avec sa culture, ses traditions et ses coutumes, sans pour autant se fermer du monde, cultivant son hospitalité traditionnelle, de se faire comprendre dans sa langue partout où il se rend dans son espace de vie quotidien, de partager cette solidarité vis-à-vis de lhistoire qui la conduit à défendre le peu qui lui reste de ses terres pour vivre en tant que nation indépendante et souveraine. Autrement, pour lui, le brassage des peuples ne servirait, que dalibi pour un ethnocide, le même commis contre le Kampuchéa Krom sur lequel plane aujourdhui le silence de loubli.
Un régime dassemblée, lexigence de la majorité des 2/3, les dispositions particulières relatives aux traités et accords EDC/Vietnam, celle concernant le gouvernement bicéphale institué pour la durée de la première législature en pleine contradiction avec larticle 99 lequel dispose que le Conseil des Ministres sera dirigé par un Premier Ministre, toutes ces particularités, jointes à dautres notamment celle excluant toute participation au gouvernement de personnalités autres que celles appartenant aux partis politiques représentés à lassemblée (article 100), laissent à penser que la Constitution ne vise pas essentiellement lintérêt à long terme du pays. Elle apparaît surtout modelée pour se conformer à la primauté du pouvoir établi, contrairement à la volonté populaire issue des urnes.
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