Image3.gif (3027 bytes)

Comité Cambodgien de Vigilance
pour l'application de l'Accord de Paris sur la paix au Cambodge du 23 octobre 1991

Accueil Remonter Sommaire Actualités

 

Communiqué du 09-09-98
Communiqué du 04-09-98
Communiqué du 01-09-98
Communiqué du 21-08-98
Communiqué du 20-05-98
Communiqué du 26-04-98
Communiqué du 24-02-98
Communiqué du 22-07-97

ELECTIONS CAMBODGIENNES : ENJEU ET ILLUSIONS

Paris, le 26 avril 1998

A trois mois, jour pour jour, du scrutin prévu pour le 26 juillet prochain, l'opposition - incarnée par le FUNCINPEC, le Parti de Sam Rainsy et le PDLB - en est encore en quête d'une hypothétique brèche acceptable en vue de pouvoir se glisser sans danger dans la campagne électorale. Hélas, toutes les issues vers une participation libre et équitable lui sont hermétiquement verrouillées. Le coup d'Etat des 5-6 juillet 1997 s'est révélé bien payant pour le PPC qui, désormais, tient seul tous les leviers de l'opération. Entre autres, comme il fallait s'y attendre, la commission électorale nationale paraît lui être bien acquise (personnalités choisies dans la mouvance PPC, signature de contrat avec l'entreprise privée israëlo-argentine,...). Face à cela, certaines puissances, dont le Japon, initiateur du fameux plan en 4 points, s'efforcent, sans grands résultats, d'arracher au PPC quelques gestes de bonne volonté pour modérer ses manoeuvres. Finalement, à l'instar des élections de 1993, on fera des élections pour les élections, et non pour doter le Cambodge de la démocratie et de la liberté. La forme, espère-t-on, suffira pour contenter les Cambodgiens. Quant au fond, c'est-à-dire les intérêts du peuple cambodgien et l'avènement de la démocratie, il n'intéresse que peu les grandes finances extérieures, pour qui la dictature et la corruption sont même de meilleures alliées pour les affaires.

En réalité, l'enjeu cambodgien dépasse de très loin ce formalisme électoral, à certain degré grotesque, et qui est un véritable arbre cachant la forêt. Au coeur du problème khmer, se trouvent la violence et le crime banalisés, ainsi que l'Etat de non droit dont le comportement du gouvernement actuel donne quotidiennement des preuves flagrantes : assemblée nationale intimidée et soumise, menace et coercition par l'utilisation de la force, justice dévoyée au service d'un seul parti, corruption et crimes, administration soumise à un parti unique, opposition injustement malmenée, violation des droits de l'homme... Dans ce cadre, il est illusoire d'espérer que les prochaines élections seront libres et équitables, et résoudront le problème cambodgien. Elles ne feront que l'aggraver, en entérinant et encourageant la dérive autoritaire et dictatoriale.

Après avoir été laminée par la force, l'opposition aura-t-elle, en trois mois, la possibilité matérielle de s'organiser pour mener une campagne viable ? Les amères leçons récentes lui permettront-elles d'oser s'illusionner à nouveau ? Accepter un combat injuste et inégal de cette ampleur n'équivaudrait-il pas à un suicide aux conséquences désastreuses pour le pays ? Ne doit-elle pas en premier, au prix d'un retrait pour une autre forme de combat, s'atteler à obtenir ou imposer d'abord des conditions justes et équitables pour un environnement libre ?

La situation à ce jour est des plus inquiétantes, chargée d'un risque élevé de destruction à jamais de cette démocratie balbutiante. Il serait bénéfique pour le Cambodge et pour sa stabilité que ces élections soient reportées à une date ultérieure, en attendant que les conditions pour les élections libres et équitables soient effectivement réalisées. Tant que le PPC n'aura pas fait la preuve patente d'équité et d'éthique, tant que la violence et les crimes n'auront pas cessé et resteront impunis, le régime actuel sera encouragé à perpétuer ses méthodes inacceptables. L'effort international et celui des Cambodgiens doivent de ce fait se concentrer, d'abord et prioritairement, sur l'exigence sévère d'une moralité politique génératrice d'une pratique démocratique libre. Rien ne sera valablement accompli, si l'on n'arrive pas auparavant, à éliminer la violence, à y rétablir le droit, l'esprit de paix et de concorde nationale. On devrait même, si nécessaire, ne pas se refuser à envisager, avec l'aide massive des puissances et de la communauté internationale, une autorité transitoire qui prendrait en main le pays pour le détourner à temps d'une nouvelle tragédie nationale.

Sen Iun

Président du CCV

 

Précédente Accueil Remonter Suivante

 Pour toute question ou remarque concernant ce site Web, envoyez un email à ccv231091@yahoo.com
   Dernière modification : 29 octobre 1998