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Comité Cambodgien de Vigilance
pour l'application de l'Accord de Paris sur la paix au Cambodge du 23 octobre 1991

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REFLEXION SUR LE REFUS DE PARTICIPATION AUX ELECTIONS DU 26 JUILLET 1998 PAR L’OPPOSITION CAMBODGIENNE

Paris, le 20 mai 1998

Après avoir longtemps tergiversé, écartelés entre la pression japonaise et le piège flagrant des élections "pipées", les quatre grands partis d’opposition ont enfin décidé de ne pas participer à ces élections et ont demandé leur report. On avait craint jusqu’au dernier moment qu’ils ne se soient laissés leurrer par une éventuelle victoire due à l’impopularité de leurs adversaires, et qu’ils n’aient oublié les leçons récentes sur la violence cruelle et la détermination de ces derniers à user de la force pour se maintenir au pouvoir. Saluons donc la sagesse de l’opposition d’avoir su résister à cette tentation, et éviter au pays d’entériner officiellement, légalement, une dictature.

Sorti perdant des élections de mai 1993, le PPC avait refusé de céder le pouvoir par le coup de sécession du mois suivant. Par ses forces armées et sa police, par l’argent, les ruses et les menaces, le PPC a travaillé, tout au long de ces cinq années de bicéphalisme, à éliminer son allié de coalition. Son coup d’Etat du 5-6 juillet 1997, visant à achever physiquement le FUNCINPEC, s’inscrivait dans son programme implacable pour gagner totalement aux élections, ce qui lui permettrait alors de légaliser définitivement son pouvoir usurpé. Quand l’idéologie politique atteint un tel degré de violence et de cynisme, quand l’impunité des crimes est si ostentatoire, ose-t-on encore espérer des élections libres et équitables (préparées par le seul PPC) ? Même si l’opposition sortait vainqueur des élections, à l’instar des précédentes, Hun Sen lui laisserait-il le pouvoir ?

Qu’on le veuille ou non - et si les puissances continuent de le tolérer -, sur la lancée de ses victoires sanglantes, le PPC finira par installer la dictature au Cambodge. Mais avec le refus de l’opposition, il le fera contre la volonté du peuple cambodgien. Par sa décision courageuse, l’opposition incarnera la conscience du peuple, réveillera l’espoir et pourra dynamiser la résistance à la liquidation nationale. Elle aura dit à la communauté internationale et aux puissances (dont certaines se plaisent bien dans les compromis douteux avec le PPC), que nous ne pouvons accepter l’inacceptable, ni sacrifier la démocratie et le droit. Elle aura dit à certains partis cambodgiens que leur inféodation au PPC est une participation au crime contre le pays. Elle aura fait preuve de responsabilité et de caractère vis-à-vis de l’opinion cambodgienne, afin de mieux la mobiliser vers un travail d’avenir.

L’on ne doit plus se tromper d’objectif. L’enjeu des élections cambodgiennes ne doit pas être cette Assemblée Nationale de façade soumise aux partis, mais bien le ré-apprentissage et la pratique de la vraie démocratie, qui présuppose un environnement de neutralité, d’impartialité et de civisme serein, le caractère libre et équitable de ces élections, une campagne électorale ouverte, sans peur ni coercition, et accessible à tous les partis et citoyens. L’expression libre de la volonté populaire est le critère premier de ces élections. Tout formalisme électoral excluant cette liberté ruinera l’avenir du Cambodge.

Le combat de l’opposition et des puissances démocratiques doit viser impérativement, d’abord, à réaliser cette condition première. Or, l’Etat cambodgien actuel souffre de trois maux majeurs qui empêchent les élections libres:

1.Etat de non droit (crimes politiques, violation des droits de l’homme, institutions soumises à la dictature d’un seul parti, Etat policier, administration et justice asservies au parti…)

2.Etat non national (collusion avec la mafia et des intérêts étrangers, corruption, déforestation, destruction du patrimoine national, perte de souveraineté nationale…)

3.Pays où sévit la violence sociale et politique (insécurité, utilisation de la force pour régler les différends, violence quotidienne, coups d’Etat, menaces, intimidations, assassinats politiques…)

Tant que des progrès patents n’auront pas été faits dans ces domaines, il serait illusoire d’entreprendre les élections. Et l’Opposition a eu raison pour cela de demander leur report. Elle doit le faire avec fermeté.

Mais il serait tout aussi illusoire de se contenter d’un délai de report restreint qui n’aboutirait qu’à des élections formelles, inutiles et dangereuses. La réalisation minimale des trois conditions ci-dessus, nécessite beaucoup de temps. Elle exige peut-être même une initiative ou alternative audacieuse, permettant de faire l’économie d’une dictature. Face à l’impasse actuelle, l’idée d’une autorité transitoire, lancée au moment du coup d’Etat par certaines puissances, ne doit-elle pas être réétudiée, dans l’optique d’une période suffisante, appropriée, de redressement social et démocratique, avec une forte participation internationale ? A la lumière des événements d’Indonésie où, plus puissants que Hun Sen, Suharto a dû se plier à l’exigence populaire, la correction de la dérive
cambodgienne ne devrait pas être insurmontable.

En tout cas, après son retrait, si elle veut réussir, l’opposition est condamnée à mieux s’organiser, mieux s’unir pour devenir une force de poids capable d’inspirer confiance et de devenir une alternative crédible. Une nouvelle stratégie à imaginer et de sérieux efforts à fournir, en perspective.

SEN Iun

Président du CCV

 

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   Dernière modification : 29 octobre 1998