Comité Cambodgien de Vigilance
|
|
REFLEXION SUR LE REFUS DE PARTICIPATION AUX ELECTIONS DU 26 JUILLET 1998 PAR LOPPOSITION CAMBODGIENNEParis, le 20 mai 1998Après avoir longtemps tergiversé, écartelés entre la pression japonaise et le piège flagrant des élections "pipées", les quatre grands partis dopposition ont enfin décidé de ne pas participer à ces élections et ont demandé leur report. On avait craint jusquau dernier moment quils ne se soient laissés leurrer par une éventuelle victoire due à limpopularité de leurs adversaires, et quils naient oublié les leçons récentes sur la violence cruelle et la détermination de ces derniers à user de la force pour se maintenir au pouvoir. Saluons donc la sagesse de lopposition davoir su résister à cette tentation, et éviter au pays dentériner officiellement, légalement, une dictature. Sorti perdant des élections de mai 1993, le PPC avait refusé de céder le pouvoir par le coup de sécession du mois suivant. Par ses forces armées et sa police, par largent, les ruses et les menaces, le PPC a travaillé, tout au long de ces cinq années de bicéphalisme, à éliminer son allié de coalition. Son coup dEtat du 5-6 juillet 1997, visant à achever physiquement le FUNCINPEC, sinscrivait dans son programme implacable pour gagner totalement aux élections, ce qui lui permettrait alors de légaliser définitivement son pouvoir usurpé. Quand lidéologie politique atteint un tel degré de violence et de cynisme, quand limpunité des crimes est si ostentatoire, ose-t-on encore espérer des élections libres et équitables (préparées par le seul PPC) ? Même si lopposition sortait vainqueur des élections, à linstar des précédentes, Hun Sen lui laisserait-il le pouvoir ? Quon le veuille ou non - et si les puissances continuent de le tolérer -, sur la lancée de ses victoires sanglantes, le PPC finira par installer la dictature au Cambodge. Mais avec le refus de lopposition, il le fera contre la volonté du peuple cambodgien. Par sa décision courageuse, lopposition incarnera la conscience du peuple, réveillera lespoir et pourra dynamiser la résistance à la liquidation nationale. Elle aura dit à la communauté internationale et aux puissances (dont certaines se plaisent bien dans les compromis douteux avec le PPC), que nous ne pouvons accepter linacceptable, ni sacrifier la démocratie et le droit. Elle aura dit à certains partis cambodgiens que leur inféodation au PPC est une participation au crime contre le pays. Elle aura fait preuve de responsabilité et de caractère vis-à-vis de lopinion cambodgienne, afin de mieux la mobiliser vers un travail davenir. Lon ne doit plus se tromper dobjectif. Lenjeu des élections cambodgiennes ne doit pas être cette Assemblée Nationale de façade soumise aux partis, mais bien le ré-apprentissage et la pratique de la vraie démocratie, qui présuppose un environnement de neutralité, dimpartialité et de civisme serein, le caractère libre et équitable de ces élections, une campagne électorale ouverte, sans peur ni coercition, et accessible à tous les partis et citoyens. Lexpression libre de la volonté populaire est le critère premier de ces élections. Tout formalisme électoral excluant cette liberté ruinera lavenir du Cambodge. Le combat de lopposition et des puissances démocratiques doit viser impérativement, dabord, à réaliser cette condition première. Or, lEtat cambodgien actuel souffre de trois maux majeurs qui empêchent les élections libres: 1.Etat de non droit (crimes politiques, violation des droits de lhomme, institutions soumises à la dictature dun seul parti, Etat policier, administration et justice asservies au parti ) 2.Etat non national (collusion avec la mafia et des intérêts étrangers, corruption, déforestation, destruction du patrimoine national, perte de souveraineté nationale ) 3.Pays où sévit la violence sociale et politique (insécurité, utilisation de la force pour régler les différends, violence quotidienne, coups dEtat, menaces, intimidations, assassinats politiques ) Tant que des progrès patents nauront pas été faits dans ces domaines, il serait illusoire dentreprendre les élections. Et lOpposition a eu raison pour cela de demander leur report. Elle doit le faire avec fermeté. Mais il serait tout aussi illusoire de se contenter dun délai de report
restreint qui naboutirait quà des élections formelles, inutiles et
dangereuses. La réalisation minimale des trois conditions ci-dessus, nécessite beaucoup
de temps. Elle exige peut-être même une initiative ou alternative audacieuse, permettant
de faire léconomie dune dictature. Face à limpasse actuelle,
lidée dune autorité transitoire, lancée au moment du coup dEtat par
certaines puissances, ne doit-elle pas être réétudiée, dans loptique dune
période suffisante, appropriée, de redressement social et démocratique, avec une forte
participation internationale ? A la lumière des événements dIndonésie où, plus
puissants que Hun Sen, Suharto a dû se plier à lexigence populaire, la correction
de la dérive En tout cas, après son retrait, si elle veut réussir, lopposition est condamnée à mieux sorganiser, mieux sunir pour devenir une force de poids capable dinspirer confiance et de devenir une alternative crédible. Une nouvelle stratégie à imaginer et de sérieux efforts à fournir, en perspective. SEN Iun Président du CCV |
Pour toute question ou remarque concernant ce site Web, envoyez un email à ccv231091@yahoo.com
|