Comité Cambodgien de Vigilance
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CAMBODGE : Crimes, élections, grenade et politiques des puisssancesParis, le 21 août 1998Lexplosion de grenades et plusieurs coups de feu (jeudi 20 août) devant le ministère de lIntérieur à Phnom Penh contre Sam Rainsy et ses amis, causant mort et blessés, suivis de larrestation de léminent opposant, réitèrent limage criminelle du terrorisme étatique, trop connu pour le décrire à nouveau ici, mais que nous tenons à stigmatiser avec véhémence. A la lumière de cette violence, seconde nature du PPC, cest loccasion dun bilan sur les élections qui viennent davoir lieu, et autour desquelles se sont manifestées des appréciations et prises de position politiques aux conséquences dommageables pour le Cambodge. Ces élections, on le sait, ont été organisées sur la base des structures communistes tissées en réseau de dix familles, orchestrées par le pouvoir en place (usurpé par le coup dEtat de juillet 97) qui sappuyait sur ses forces policières, militaires et miliciennes, et surtout sur des institutions soumises (gouvernement, justice, média, assemblée nationale ), ou créées de toutes pièces par le PPC (Commission Nationale des Elections). La violence, lintimidation, les crimes et limpunité des crimes (dénoncés à satiété par Amnesty International, le représentant de lONU pour les droits de lhomme ) laissaient largement prévoir qui gagnerait les élections. De ce fait, les résultats des élections, déclarés par le gouvernement Hun Sen ne surprennent personne. Les protestations, réclamations et plaintes de lopposition, selon nos informations, sont plus que fondées. Les grenades dhier contre Sam Rainsy, comme les précédentes, parlent delles-mêmes. Ces élections ont démontré, entre autres, deux points importants :
Cela laisserait présager un avenir potentiel important pour lopposition, si elle savait se structurer, sorganiser, bien choisir les cibles, sunir, se battre en convergence contre ladversaire commun. Elle aurait même pu gagner, si de concert elle avait voulu ou su imposer ce qui nétait pas impossible à lépoque les conditions minimales dun scrutin libre et équitable. Son présent combat acharné et uni pour faire bien apurer les résultats des élections est un début encourageant. La proposition de Hun Sen pour un gouvernement dunion nationale est, pour lopposition, une première épreuve test cruciale. Face à cette tentation de coalition de façade, pire que le bicéphalisme dhier, sa position commune actuelle tiendra-t-elle longtemps ? Lopposition aura à choisir entre le combat difficile pour grandir, pour devenir apte à provoquer et à gérer le changement, et la facilité confortable de pendant occasionnel marginalisé, condamné à disparaître. De ce choix dépend son avenir. Mais le grand choc vient du représentant de lUnion Européenne, dont les déclarations hâtives ont été quelque peu cavalières et fort peu convaincantes. Son satisfecit presque gratuit et orienté, a vraiment heurté et déçu les Cambodgiens. En effet, les élections, qualifiées " dhonnêtes ", ne se résument pas comme tente de le démontrer son communiqué au jour de vote, où dailleurs les " observateurs internationaux " nont visité, sous lescorte gouvernementale, quune faible partie des sites électoraux (500 observateurs pour quelques 11 000 bureaux de vote). Il fallait, pour mieux éclairer lopinion internationale, être plus prudent, faire état de tout le contexte et des outils de pression et de mort dun gouvernement qui avait usurpé par la force le droit de faire ce quil voulait de ces élections. Mais lEurope, avec une France très active, semble avoir fait un choix politique autre (remarqué depuis le coup dEtat de Hun Sen en juillet 1997), pour ce quon appelle " la stabilité politique ". En réponse au Président Chirac qui, dans sa lettre au Roi N. Sihanouk, avait demandé aux Cambodgiens de se soumettre au " verdict " des urnes, lopposition a unanimement demandé au Président français de laider à vérifier ce verdict. Faut-il croire que les grenades et la mort de ce jeudi suffisent à confirmer la pertinence de la démarche de lopposition aux yeux des responsables français et européens pour leur politique au Cambodge ? Alors que les Etats-Unis sont restés très sceptiques sur le caractère libre et équitable de ces élections, et quils encouragent la pratique dune opposition démocratique, la " sympathie européenne " prend le contre-pied qui suggère bien, que même un petit pays comme le Cambodge, peut être lobjet de lutte dinfluence des puissances. Aux Cambodgiens et à lopposition démocratique (dont les leaders sont français de culture et francophones pratiquants) de comprendre que la patrie de la démocratie et des droits de lhomme nest pas toujours à leurs côtés, avant quils ne gagnent le combat. Intérêt oblige. Quils sattendent seulement à une bonne protestation de forme de la France et de lEurope, lorsque Sam Rainsy sera traîné devant la " Justice " du PPC pour avoir fait gaspiller des grenades au ministère de lIntérieur de la même façon que le Prince Ranaridh fut condamné, il y a peu, pour avoir " provoqué " le coup dEtat sanglant de M. Hun Sen Sen Iun Président du CCV |
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