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Comité Cambodgien de Vigilance
pour l'application de l'Accord de Paris sur la paix au Cambodge du 23 octobre 1991

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CAMBODGE : Crimes, élections, grenade et politiques des puisssances

Paris, le 21 août 1998

L’explosion de grenades et plusieurs coups de feu (jeudi 20 août) devant le ministère de l’Intérieur à Phnom Penh contre Sam Rainsy et ses amis, causant mort et blessés, suivis de l’arrestation de l’éminent opposant, réitèrent l’image criminelle du terrorisme étatique, trop connu pour le décrire à nouveau ici, mais que nous tenons à stigmatiser avec véhémence. A la lumière de cette violence, seconde nature du PPC, c’est l’occasion d’un bilan sur les élections qui viennent d’avoir lieu, et autour desquelles se sont manifestées des appréciations et prises de position politiques aux conséquences dommageables pour le Cambodge.

Ces élections, on le sait, ont été organisées sur la base des structures communistes tissées en réseau de dix familles, orchestrées par le pouvoir en place (usurpé par le coup d’Etat de juillet 97) qui s’appuyait sur ses forces policières, militaires et miliciennes, et surtout sur des institutions soumises (gouvernement, justice, média, assemblée nationale…), ou créées de toutes pièces par le PPC (Commission Nationale des Elections). La violence, l’intimidation, les crimes et l’impunité des crimes (dénoncés à satiété par Amnesty International, le représentant de l’ONU pour les droits de l’homme…) laissaient largement prévoir qui gagnerait les élections. De ce fait, les résultats des élections, déclarés par le gouvernement Hun Sen ne surprennent personne. Les protestations, réclamations et plaintes de l’opposition, selon nos informations, sont plus que fondées. Les grenades d’hier contre Sam Rainsy, comme les précédentes, parlent d’elles-mêmes.

Ces élections ont démontré, entre autres, deux points importants :

  1. L’extraordinaire courage et la vitalité du peuple cambodgien pour façonner son destin, et pour secouer le joug de la dictature. Les chiffres, même tronqués par le PPC, montrent que la majorité de notre peuple rejette le PPC, et ce, malgré la peur et les menaces de mort. Cette majorité se serait révélée plus clairement encore pour se traduire en un basculement radical, si l’environnement électoral et le dépouillement des bulletins étaient libres, équitables et justes.
  2. En dépit des handicaps créés de tous côtés par le PPC (décapitation des structures de l’opposition, monopolisation par le PPC de tous les mécanismes électoraux, découpage électoral, lois électorales…), l’opposition dans sa globalité a obtenu un score plus qu’honorable. Elle est majoritaire dans l’ensemble du pays, surtout dans toutes les villes importantes, là où les informations ont pu passer, où la terreur a pu reculer. A l’évidence, sous la surveillance armée des milices, la campagne n’a pu choisir librement. La stabilité relative du Funcinpec, malgré les coups de Hun Sen, révèle un pays fidèle à sa tradition et à la royauté. Malgré sa jeunesse d’âge, le parti Sam Rainsy, symbole du renouveau, a fait une percée fulgurante, jouant un rôle politique majeur.

Cela laisserait présager un avenir potentiel important pour l’opposition, si elle savait se structurer, s’organiser, bien choisir les cibles, s’unir, se battre en convergence contre l’adversaire commun. Elle aurait même pu gagner, si de concert elle avait voulu ou su imposer – ce qui n’était pas impossible à l’époque – les conditions minimales d’un scrutin libre et équitable. Son présent combat acharné et uni pour faire bien apurer les résultats des élections est un début encourageant.

La proposition de Hun Sen pour un gouvernement d’union nationale est, pour l’opposition, une première épreuve test cruciale. Face à cette tentation de coalition de façade, pire que le bicéphalisme d’hier, sa position commune actuelle tiendra-t-elle longtemps ? L’opposition aura à choisir entre le combat difficile pour grandir, pour devenir apte à provoquer et à gérer le changement, et la facilité confortable de pendant occasionnel marginalisé, condamné à disparaître. De ce choix dépend son avenir.

Mais le grand choc vient du représentant de l’Union Européenne, dont les déclarations hâtives ont été quelque peu cavalières et fort peu convaincantes. Son satisfecit presque gratuit et orienté, a vraiment heurté et déçu les Cambodgiens. En effet, les élections, qualifiées " d’honnêtes ", ne se résument pas – comme tente de le démontrer son communiqué – au jour de vote, où d’ailleurs les " observateurs internationaux " n’ont visité, sous l’escorte gouvernementale, qu’une faible partie des sites électoraux (500 observateurs pour quelques 11 000 bureaux de vote). Il fallait, pour mieux éclairer l’opinion internationale, être plus prudent, faire état de tout le contexte et des outils de pression et de mort d’un gouvernement qui avait usurpé par la force le droit de faire ce qu’il voulait de ces élections. Mais l’Europe, avec une France très active, semble avoir fait un choix politique autre (remarqué depuis le coup d’Etat de Hun Sen en juillet 1997), pour ce qu’on appelle " la stabilité politique ". En réponse au Président Chirac qui, dans sa lettre au Roi N. Sihanouk, avait demandé aux Cambodgiens de se soumettre au " verdict " des urnes, l’opposition a unanimement demandé au Président français de l’aider à vérifier ce verdict. Faut-il croire que les grenades et la mort de ce jeudi suffisent à confirmer la pertinence de la démarche de l’opposition aux yeux des responsables français et européens pour leur politique au Cambodge ?

Alors que les Etats-Unis sont restés très sceptiques sur le caractère libre et équitable de ces élections, et qu’ils encouragent la pratique d’une opposition démocratique, la " sympathie européenne " prend le contre-pied qui suggère bien, que même un petit pays comme le Cambodge, peut être l’objet de lutte d’influence des puissances.

Aux Cambodgiens et à l’opposition démocratique (dont les leaders sont français de culture et francophones pratiquants) de comprendre que la patrie de la démocratie et des droits de l’homme n’est pas toujours à leurs côtés, avant qu’ils ne gagnent le combat. Intérêt oblige. Qu’ils s’attendent seulement à une bonne protestation de forme de la France et de l’Europe, lorsque Sam Rainsy sera traîné devant la " Justice " du PPC pour avoir fait gaspiller des grenades au ministère de l’Intérieur… de la même façon que le Prince Ranaridh fut condamné, il y a peu, pour avoir " provoqué " le coup d’Etat sanglant de   M. Hun Sen…

Sen Iun

Président du CCV

 

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   Dernière modification : 29 octobre 1998