Comité Cambodgien de Vigilance
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HUN SEN ET SON CANON A EAUParis, le 9 septembre 1998Hun Sen a innové ses moyens de répression : le canon à eau, quil a ajouté à sa panoplie des armes (armes à feu, bâtons électriques, torture ). On pourrait presque le "remercier" davoir bien pris conscience de lampleur du mouvement démocratique pour ne pas oser faire couler trop de sang, face à 15 000 manifestants pacifiques. Nouveauté aussi : des bonzes malmenés dont un tué parmi les deux morts connus. Mais le reste est inchangé : la nature de " lhomme fort " et ses méthodes politiques.
Au milieu de ces tension et incertitude, il est tout de même frustrant de constater que, en dépit des échecs de la coalition bicéphale, en dépit du coup dÉtat contre Ranaridh, en dépit de la dictature flagrante de Hun Sen, certaines puissances se taisent et encouragent objectivement ce dernier de diverses manières, comme elles lont fait depuis lAccord de Paris, jusquà doter le Cambodge dun " homme fort " inique. Le satisfecit sans nuance délivré par ces puissances, pour les élections frauduleuses et sous menaces, nest pas compris par les manifestants de Phnom Penh. Aspirés par ses besoins de liberté, de justice et de démocratie, des jeunes, des ouvriers, des bonzes, des gens ordinaires sont descendus dans la rue et ont crié pacifiquement, avec colère parfois, leur soif et leur faim ; même si la loi dairain de Hun Sen le leur interdit, et cela impose respect et écoute. Ils savent distinguer qui est à présent lami de la démocratie et de la liberté, qui est contre lintérêt des Cambodgiens. Dans le jeu de rivalités régionales et internationales, ils savent que tôt ou tard, les Cambodgiens seraient amenés à choisir leur camp. Les premiers à devoir les écouter sont les responsables de lopposition. Ceux-ci sont guettés par des tentations terribles. Leur choix nest pas facile. Leur avenir fait face aux pressions et chantages. Sils se laissent bercer par le chant de la sirène " coalition ", ils risqueront dêtre des politiciens naïfs refusant de retenir les milles leçons de duperie, de mensonges, de cruauté, de crimes de leur allié doccasion. Ils pourront être ministres, serviles aux ordres de Hun Sen, en position pire quavant, avec certes quelques bribes dhonneur ou dinitiatives que Hun Sen daignera leur laisser pour satisfaire des envies et frustrations. Mais ils ne pourront espérer quà la prochaine législature, ils auraient des sièges en quantité, car dès le lendemain de la coalition, des dizaines de milliers de manifestants (leurs forces vives de demain) déçus les auraient abandonnés à leur sort. Dans ces conditions, ces ministres seront en otage chez Hun Sen. Avant longtemps, beaucoup troqueraient leurs casquettes. Lopposition se désintégrerait progressivement sous la pression du PPC, au milieu dun peuple désespéré, faute de leaders de caractère. Si ces opposants veulent se battre pour le pays et la démocratie, ils resteront à côté de ceux qui se sont levés par milliers pour défendre fermement les valeurs quils ont avancées. Ils sorganiseront et travailleront avec ces derniers, et non avec la dictature, pour être à même de devenir une alternative à la dictature. Cela demandera du temps, des efforts et des sacrifices pour parvenir à une maîtrise politique et gestionnaire de niveau. Nest-ce pas là la seule voie possible à une alternance ? Lopposition comme la majorité, cela se mérite et cela sapprend. On nous dit : " Oh là, si on laisse faire seul Hun Sen, le pays chavirera. Ce sera la dictature, et le Vietnam prendra totalement le Cambodge ". Soit. Mais la théorie du noyautage a montré ses limites catastrophiques. Hun Sen est un dictateur, et il vient de le montrer hier sur la " place de la Démocratie ". Espérer le changer en le servant est un rêve dangereux. Quant au Vietnam, certes il continue de prendre notre terre et notre plateau continental par la signature de Hun Sen, de faire rentrer les immigrants illégaux par la police de Hun Sen, mais quand You Hockry ou le prince Ranaridh étaient en position meilleure, ils nont pu faire quoi que ce soit dans ce domaine. Seulement avec le peuple, le développement, la liberté, on pourra barrer la route à lambition vietnamienne. Tant que Hun Sen tient les pouvoirs, la collaboration ne pourra être que servitude. Le peuple cambodgien sest réveillé, a suscité lespoir. Pourquoi labandonner, pour une illusion tragique tant de fois démontrée ? La confiance dun peuple qui a donné à lopposition la majorité des voix est si chère ; pourquoi la brader ? Un capital de cette taille lui donne une chance inouïe, en terme de potentialité. Sait-elle la cultiver pour en faire un instrument de résurrection de notre peuple ? Face à un peuple debout, Hun Sen sera un tigre de papier fragile. Il partira comme dautres dictateurs. Le vrai problème est lexistence dune alternative crédible, dont labsence dailleurs justifie en partie les attitudes de certaines puissances. Construire cette crédibilité est une mission de longue haleine. Un des meilleurs moyens pour faire obstacle à la dictature et pour construire un environnement démocratique est la lutte pour éliminer la violence. Un régime inique et immoral ne doit pas gouverner le pays, contre la constitution, contre la majorité des voix du peuple khmer. Il faut retourner aux urnes. Mais cette fois-ci, pas avant davoir remis dabord le Cambodge sur la voie du droit et de la liberté. Cest pourquoi le combat pour une autorité transitoire - ce qua toujours proposé le CCV - qui assumera cette mission est fondamentale comme une alternative au blocage politique actuel. |
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