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"tout 
ranger reviendrait à n'avoir pas vécu"
 
 
 
Mai-juiller 99
 
 
 
 

 
 
 
Outil à rêves
 
 
 
              magiquement
              une roue seule
              s'endétaille du précieux
              à l'encre indélébile
              de cet au-delà
 
              la nuit 
              les plumes de ce cercle fécond
              se déploient 
              dans mes moindres résistances
              à pleurer douloureusement
 
              elles se balancent
              tentent l'approche ultime
              la vérité des plaies
              où la solitude en brumes
              entête les flots du sommeil
 
              une roue seule
              colorée de fils vivants
              exprime les départs douceâtres
              lorsque je chatouille
              mes croquis d'oreillers
 
              allongée
              ceux légers 
              d'aucun effort émotionnel
              
 
 
                         Marie Mélisou   juillet 1999
 
 
 
 
 
<< Et mon bâton de cyprès rit de tout son coeur pour vous. >>
 
                         René Char
 
 
 
                Distincte recycleuse
 
 
 
              te punir de respirer
              pourquoi te punir
              de défricher les abris-c¦ur
              en silence en secret
 
              ignoblement
              l'essentiel invisible
              exige un apprentissage qui
              sent l'émotion transversale
 
              te punir de respirer
              pourquoi te punir
 
              sporadiquement
              à aimer
              se perdent s'offrent
              esthétiques si légères
              les magiques connaissances
 
 
                            Marie Mélisou  juillet 1999
 
 
 
 
 
Halos d'alentour
 
 
 
Ne pas grandir, a-t-elle dit.
 
Se suspendre hors d'atteintes, sorte de bulle à 
grandes enjambées, où l'intense et le passionnel
ont des relations intimes avec la ligne d'horizon.
 
Je ne vais pas grandir, a-t-elle dit.
 
Par un système de jeux de lumière céleste, les fenêtres 
des corps ici s'illuminent de son âme. Elle engendre 
des yeux doux aux c¦urs et réciproquement. Chauds et 
dorés, ils sont un miel à survivre.
 
Je ne vais pas les voir grandir, a-t-elle dit.
 
Et, sans apprivoiser le feu dévorant des jours, elle 
amortie les chocs, sourit de me voir insister : tout 
ranger reviendrait à n'avoir pas vécu.
 
 
 
                      Marie Mélisou  juillet 1999
 
 
 
 
"Si vous avez un parler ouvert, vous 
ouvrirez le parler de l'autre." 
 
                                Montaigne
 
 
  
                   Par à vents
 
 
            je voudrai te voir guérir
            comme les gouttières déglutissent
            ferraillent tamisent l'obscurité
 
            tout le contraire de dépister le malheur
            ou cartographier l'affliction
            un temps terra incognitae
 
            sans phagocyter 
            je dévore l'ébullition des contrastes
            ils perdurent
            eau      feu
 
                air
 
            il s'induit de longs trajets
            des endroits ténébreux
            imprévisibles déplacements
 
            catalyseur d'acuité
            le vent
            à l'ancienne manière merveilleuse
            art du partage
            se souci de l'Autre
 
 
                         Marie Mélisou  juillet 1999
 
 
 
 
 
 
 
Arpentages
 
 
           je campe 
           sur un présent utilisable
           où les rêves vrais 
                          catimini 
           granulent de poussières  
                de songes
           nos crépuscules abricots inconsolés
 
           nous plaçons nos matins le soir
           et sans faire pis que prendre
                 sortir de l'hiver chrysalide
           se défroisse les nécessités 
           au comble et déboule l'implacable
 
           une bête subtile
                égarement éberlué
           barbouille au milieu
                         vide où je réside
           indicible
           la pure essence des souffles du vent
           m'incandescent sans porte
 
 
                            Marie Mélisou  juillet 1999
 
 
 
 
 
 
 
"C'est bizarre : pour chacun de nous la vie intime est ce 
qui compte le plus, et pourtant nous devons toujours 
feindre de la vivre sans nous en apercevoir, avec une 
assurance inhumaine."
Le cahier interdit - Alba de Céspedes
 
 
 
               Parcelles mourances
 
 
        des pirouettes chagrines 
        prisent en flagrant délit d'existence
        obstinent le temps
        une complicité essentielle les lie
 
        mollement ancrés 
        le bien et le mal en voeu de connivence
        perdent leur consistance
        se barricadent
 
        des murs anciens en papier buvard
        ombres qui suivent les ombres
        humilient les rires
        qui restaient debout
 
        et mes bras
        comme les branches d'un arbre mort
        ouverts sur le vent
        se souviennent des feuilles d'antan
        lorsque les jours étaient sans serrures
 
 
 
                       Marie Mélisou   juin 1999
 
 
 
 
Création
 
 
           la représentation de Dieu
           montre du doigt l'homme
 
           longtemps
           durant des années
           le peintre courbé a travaillé
           crée avec douleur et plénitude
           tout contre son ciel incurvé
 
           longtemps
           des années après
           du plein gré de l'artiste
           quelques gouttes de vie retrouvée
           s'échappent en auréoles bleutées
           sur la nappe ronde de nos yeux
 
           des traits bleu pervenche
           ils rendent le reste plus inutile encore
 
 
 
                       Marie Mélisou  25 juin 1999, Rome
                          
    
 
 
 
 
 
 
 
Dépositoire
 
 
              maudites
              les nuits boréales
              où je ne sème mes pensées
 
              elles viennent et tiennent       
              debout droites et figées
              replongent la durée de l'infranchissable
 
              tu règnes illusoirement
              mes mains se ferment vides
              sur des versants aux formes de ton corps
 
              prisonnière d'un désespoir
              chaque soir il gratte s'impatiente
              j'attends harponnée
              criée de peurs arrachée du dépositoire
              le quand j'étais devant
 
 
                           Marie Mélisou  juillet 1999
 
 
 
 
 
 
Bouquets de terre
 
 
        des bouquets d'hématomes parsemés d'épines
        dont elle se servait en cabrant la fierté
        collaient à sa peau
 
        ils voyageaient partout où elle se trouvait
 
        un jour sur le quai des grands oiseaux
        il a parlé de ses yeux
        leur a offert une terre ensoleillée
        à chasser les débris
 
        sur le quai des grands oiseaux
        de ses yeux parlants aux siens
        jusqu'au métal le temps s'est ouvert
 
        la vie voulait sourire
 
 
                         Marie Mélisou  juillet 1999
 
 
 
 
 
Aux évadés
 
 
                des rêves tombent de mes poches
                aux couleurs ciel naïf
                les uns après les autres
                ils s'en vont parler des langages
                sur de tremblés matins
                probablement scintillants
                mais ailleurs
 
                mes poches sonorisées
                au large comme à Grands-Sables 
                chuintent chantent
                "les rêves sont morts vive les rêves !"
                m'invitent à les remplir
 
                en boules
                j'enfonce mes poings en elles
                appuis force en crève
                les écraser serait parfais
 
                encore et encore
                elles émettent ma naissance
                mi-esclave mi-invitée
                je dois continuer
 
                me cambrant s'ouvre un temps
                de battements d'éclats d'appels
                et de suites à remplir la vie
 
 
                       Marie Mélisou  juillet 1999
 
 
 
 
Parfois si lentement
 
 
           écrits de sangs et de larmes
           les cliquetis du temps
           aux instants savourés
           éperonnent aiguillonnent leurs efforts
           parfois si lentement
 
           le sarcastique mise sur moi
           il bondit en regards froids
           implacables
           flirtant avec l'opiniâtre brutal
           punit de paix et de bonheur
 
           cris de détresse
 
           sans crucifix au-dessus du lit
           qui regarder en face ?
 
           mon rôle à remplir
           parfois si lentement
           devant l'angoisse sans paix
           pour racheter le quitter
           tolérante
           est l'attention qui croit à l'enfer
 
           comme un nouveau miracle
           une vision vidée de tout son courage
 
 
                          Marie Mélisou  juillet 1999
 
 
 
  Coutumière inquisition
 
 
 
         parfumée des cailloux qui ont navigués
         mes yeux se la jouent en troubles vitraux
         croque en moi
         l'ordonnance des humains
         auxquels je ne comprends plus rien
         opaque étrangère endormie
         la confusion mentale quête des phares
 
         et accourent les fous
 
 
                       Marie Mélisou  juillet 1999
 
 
 
 
 
 
Fièvre à flâner
 
 
                        la folie du salut marque 
                        d'autres sens aux bornes du réel
 
                        refuge prétention du héros dépouillé
                        l'homme cède son malheur
                        confond détachement et mépris
 
                        le souverain des biens 
                        soit l'ataraxie
                        est un voyage mental
                        qui ne prend pas le train
 
                        des lassos disloquent la colère
                        le bonheur glisse en malheureux ami
                        et joue du fil à retordre
 
 
                                         Marie Mélisou juillet 1999
 
 
Sans fin mot
 
 
 
                     une cale sans air
                     fond de transpiration 
                     aux couleurs moutarde revêche
 
                     le rythme esclave bondit souvent
 
                     et mon coeur dort sur le sol
                     une heure de temps en temps
                     n'effectue aucune entrée
                     se protège des loveurs
 
                     et mon coeur en docks déserts
                     grouille de rats agités curieux
                     ils troublent d'émeutes à réprimer
                     tous les airs désemparés
 
                     tannée je recherche le trop précieux
                     qui nulle part 
                     n'épaule de signes dans le dos
 
 
                                      Marie Mélisou  juillet 1999
 
 
 
Autre âge
 
 
 
             entrent des faisceaux sans couleurs
             ils absorbent jusqu'à la chaleur
 
             assise seule sur une chaise
             durant l'autre âge
             nous étions deux 
             je te peins en portraits musicaux
 
             utopie  voyages  face à face
             habitent la pièce 
            
             les notes 
             sont uniquement des éphémérides
             à combler le néant
 
 
                                  Marie Mélisou - juillet 1999
 
 
Délinéer la vie
 
 
     au-dessus s'embrassent s'embouchent
     de floues fantaisies ni sérieuses ni vraies
     je dis le ciel bleu et les vagabonds nuages
 
     au-dessous un nomade ne tient pas en place
     a pris sans portulan le chemin qui chemine
     en une transhumance identique ininterrompue
 
     chaque matin il se distribue un prochain pays
     ni guetteur ni embusqué ce voyageur 
     ignore la déroute de la fuite de la quête
 
     il a apprivoisé l'éternité et l'instant
 
 
                      Marie Mélisou  mai 1999
 
 
 
 
 
Caresse volatile
 
 
 
    ventilateurs voluptueux n'abolissent pas le chaud
    de la manière la plus fine ils la tourmente la brise
    la bourrasque la caresse l'apprivoise
 
    une somnanbule géographie  fantôme en étincelles
    sur un songe enlace l'air épais
 
    mouvements douceurs qui le remuent amoureusement
    en transparences instables et éphémères
    puis m'entourent d'un voluptueux d'un suave réel
 
    alchimie de canicule et de frais
 
 
 
                        Marie Mélisou  mai 1999
 
 
 
 
 
 
 
 
 
" L'absence de routes et la profusion de routes
produisent le même égarement. "
 
G. Lapouge
 
 
 
                À coeur fendre 
 
 
             une telle froidure
             qu'aux pieds des fossés glacés
             les arbres périssent
 
             elle court s'étend tombe
 
             toutes les armés d'homme
             n'ayant réussi à la repousser 
             ont abandonné la vie
 
             sournois néant neige
             une banquise blanche raye
             la planète bleue ôté d'Orient
 
             le bruit de ces hommes morts
             sur une terre congelée
             est couvert par la destruction 
             de la haine
             enfin
 
 
                         Marie Mélisou   mai 1999
 
 
 
 
Absolu
 
 
                   son drap monogrammé
                   est une palissade de bois
 
                   ma si belle
 
                   péremptoire 
                   sans doute
                   je bâcle nos repas
                   pressée vers rien
                   j'assaisonne les saisons
                   de mes parfums de souvenances
 
                   prolonger son probant
                   efface vos discursifs passages
 
 
 
                                Marie Mélisou  mai 1999
 
 
 
 
Devoir bouger
 
 
 
                la route à parcourir
                comme la moitié d'un pomme oubliée
                se tient tranquille ce matin
                dans l'attente d'être consommée
 
                enchâssée sur son pavé souillé
                irradiée à la limite de vos formes
                tout contre la passion
                les longs cils des bouches avides
                ont pris feu sans vitraux sans croquer
 
                la route si l'on attend trop
                comme l'air flétrit la chair pâle et sucrée
                teinte et pourrit le temps
 
 
 
                                Marie Mélisou   mai 1999
 
 
 
 Grands battements 
 
 
 
                labourée
                un soc m'inonde de violences
                acharné en mon crâne
                comme sur un lopin arable
                des milliers de racines pensées
                risquent ma raison éventrée
                me condamne à l'obscurité
 
                arrachée
                à la lucidité je crie
                des amoncellements de cognées
                débordent vers la petite mourance
                sans égard ni recoins abrités
                je suis un terrain douloureux
                jamais ne m'habitue
 
                rompue
                mes extrêmes en dégoût je ressens
                le brûlé des traces fraîches
                cette trop rutilante migraine
                infligée à me défricher
                a la régularité d'une charrue
                au tranchant furieusement aiguisé
 
 
 
                               Marie Mélisou  mai 1999
 
 
 
 
 Eau-de-vie
 
 
 
                     une goutte
                     une seule  infime
                     davantage qu'un grondement
                     ou de grands cris inaudibles
                     s'est offerte en trajectoire rive
 
                     à regrets quelquefois
                     je gagne le chemin où je sais
                     ce qu'il advient de moi
 
                     sans perdre la vie tout à fait
                     une sorte de pont Bénézet
                     où l'on ne danse pas
                     la saison des entrailles de la mer
                     s'échappe 
 
                     l'¦il vrai d'une goutte d'eau
 
 
 
                                 Marie Mélisou   mai 1999
 
 
 
 
 Véridicité
 
 
 
              avec rage
              n'ayant de cesse 
              je flattais l'arête du toit 
              gravissais le vide
              soulevais mes avancées vers un rien
              usais l'équilibre           
              marmonnais des flopées sans vols
 
              jours vains au papier calque
 
              maintenant
              bien plus dangereux
              ultime expérience
 
              je m'exerce à la réalité
 
 
 
                            Marie Mélisou  mai 1999
 
 
 
 Vents barbelés
 
 
 
      De longues journées revenues, la ville à tes jambes, une 
      candeur invraisemblable joue sur des gouttes de lumière, et
      pourtant, tu bascules parfois, encore, à l'ombre quand un 
      souffle venteux tente un galop étouffé.
 
      Si tu gémis et le grattes, de flanc il prend du front, de
      fil fragile il se barbèle.
 
      Un doigt sur ta bouche, à humilier les ombres, emporte le 
      tortillé des gifles qui musiquent de navrés refrains. Sors
      le pas devant, la pensée à jouer, l'idée humaine bien cousue,
      pour ne plus te manquer, même une seule journée. 
 
      Eperdument, regarde-toi t'échapper des barbelés. 
 
 
 
                           Marie Mélisou  mai 1999
 
 
 
 TERMINAISONS NERVEUSES 
 
 
 
      le dehors et le dedans aux chaînes en combustion
      à suivre  plus tard  on verra
      s'abaissent s'élèvent comme de grandes feuilles de papier
 
      différents des serrements d'étages anciens
      ils sont d'impossibles oiseaux au blanc hissé
 
      me cernent m'apprennent s'abattent se signent
 
      sur des cercles ou des lignes interrompues
      je regarde le dehors je scrute le dedans
      et je reviens au même
 
 
 
                       Marie Mélisou   mai 1999
 
 
 
LES CHANTS VIVANTS
 
 
             délectables mystères
             tressaillent sur une pensée délaissée
             frémissent jouissent se domptent
 
             il fait jour où je suis 
             allumées en rires sans prières
             les voix aux abîmes
             celles qui soufflent glacées l'air rapace
             s'extasient du rouge et des derniers brasiers
 
             je meurs d'humbles douceurs présentes 
             d'avancées confessées de grandes tempêtes
             de chastes Sahara sur idées bleues d'ardoise
 
             je chancelle de filer l'épais silence
             le prolongé du bonheur d'homme
             pour tisser les deux couleurs néfaste et amer
 
             je vis de toute ma patience
             celle nichée très fine sur le simple
             ou en fresques 
             dans mes châteaux hispaniques
 
 
                                    Marie Mélisou  mai 1999