HOMMAGES A PKD


Brian Aldiss Lorris Murail
John Brunner Daniel Walther
Russel Galen Roger Zelzany
Carol Carr Ursula Le Guin
Tim Powers Robert Silverberg
Damon Knight Ray Nelson
Jean-Marc Ligny Paul Williams
Frederik Pohl Jean-Pierre Andrevon
Grania Davis Avram Davidson


Brian Aldiss

Je griffonne ces mots, cette tentative d'éloge funèbre que nul ne pourra jamais écrire, à New York, dans une minable chambre d'hôtel. Pas de machine à écrire. La plomberie cogne à la porte mon esprit comme l'éternité, les sirènes de police gémissent pour égarer les marins et à deux blocs de là, près de la Gare centrale, un gigantesque gratte-ciel s'affaise, tranche après tranche, en avalanche, dans les camions Mack qui attendent en dessous. C'est le monde que décrit Dick, d'accord. S'il s'était évanoui avec sa mort et avait disparu dans le néant, je n'en aurais pas été autrement surpris.

Aucun écrivain de sa, de notre, génération n'a eu une pareille présence intellectuelle. Il s'est gravé dans notre mémoire, et dans nos imaginaires aussi.

Son dernier roman, La Transmigration de Timothy Archer, abonde en pressentiments de sa mort prochaine. Il s'ouvre au jour de l'assassinat de John Lennon. Peut-être ces quelques lignes tirées du livre pourront-elles exprimer notre chagrin devant la mort de son auteur:

"Et si un orchestre symphonique n'avait d'autre fonction que d'atteindre le coda d'un morceau? Qu'adviendrait-il de la musique? Ce ne serais plus qu'un grand fracas, destiné à prendre fin le plus tôt possible. La musique est dans le développement, le déroulement; si on accélère le processus, on le détruit. Alors il n'y a plus de musique. Je voudrais que vous méditiez là-dessus."