Carol Carr
Voici longtemps que je n'ai plus reçu de ses lettres évoquant la litière du chat et la C.I.A. dans le même paragraphe, ou à l'en-tête "Oakland (bâillement), Californie).Eh oui, oui, chacun est unique, nous sommes tous, le moindre d'entre nous, une espèce en voie de disparition, et je suis bien la première à reculer devant le terme "plus qu'unique".
Mais il n'y avait personne de plus unique que Phil Dick. Il était si (bâillement) unique que je m'attendais plus ou moins à recevoir un de ces quatre matins une lettre m'expliquant à sa façon phildickienne le détail des circonstances de son embolie fatale, comment il était tombé amoureux de l'infirmière qui lui rappelait Janet Gaynor, et comment on avait mis au point un système de communication dans lequel un clin d'oeil signifiait qu'on l'emmènerait pour toujours loin de tout ça, et deux clins d'oeil que le docteur avait substitué cent grammes de Sprite à la solution intraveineuse.