Daniel Walther
Contrairement à de nombreux auteurs français de science-fiction, je ne me suis jamais senti "littérairement influencé" par Philip Dick. Je dois même avouer que le fétichisme dickien de bien des jeunes "fans" ou apprentis-écrivains me portait un peu sur les nerfs. Si l'on exceptait les grandes oeuvres, bien des ouvrages de Dick me semblaient surfaits. Mais, si l'on fait abstraction d'un style souvent terne, les idées et les obsessions de l'auteur valent largement le déplacement et cela, avant tout, dans les oeuvres Ubik, Le Maître du Haut-Château.Je n'ai vu Dick qu'une seule fois dans ma vie: dans un ascenseur, à Metz, et il me semblait plutôt mal en point.
L'annonce de sa mort m'a soudain convaincu que j'avais fait fausse route: qu'elle coïncidait peu ou prou avec la fin d'une grande époque de la S.F. et qu'elle préludait sinistrement à une littérature où l'efficacité avec un E majuscule remplacerait tout le reste. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, Dick est un des auteurs majeurs de la science-fiction moderne.