J'ai vu Phil pour la dernière fois aux alentours de Noël. Ma femme Kirsten m'avait donné un calendrier dont je devais lui faire cadeau, un calendrier dépliant qui représentait une licorne et dans lequel elle avait écrit: "Pourquoi t'es-tu fait aussi rare qu'une licorne dans ma vie?"

Phil parut troublé. Je lui demandai pourquoi. Il répondit: "Oh! ce n'est rien. Mais j'attends la visite de la femme avec laquelle je compte passer le restant de mes jours."
"Comment s'apelle-t-elle?" lui demandai-je.
Il eut l'air plus embarassé encore. "Mon Dieu, Ray, je ne m'en souviens plus. Mon esprit est vide."
Soudain la mémoire lui revint et un sourire espiègle illumina ses traits. "Je m'en souviens, maintenant. Je le savais, en fait. Je te faisais marcher."
"Et si tu l'oublies quand elle est là?" demandai-je avec un sourire.
"Seigneur, mais j'en serais bien capable." Il pâlit, puis son visage s'éclaira de nouveau. "Je sais ce que je vais faire. Je vais l'écrire sur la paume de ma main, et si jamais je l'oublie, j'y jetterai un coup d'oeil."
Et il fit ce qu'il avait dit. Elle arriva. Elle était belle, et brillante, comme l'étaient toutes les femmes de Phil. Et je crois bien qu'elle l'aimait. Il se vanta plus tard de ne pas avoir eu à regarder une seule fois dans la paume de sa main.
Mais ni lui, ni elle, ni moi n'aurions jamais imaginé combien serait court le restant de ses jours.